Une semaine après la nomination surprise de Hannah O’Neill et Marc Moreau, c’est au tour de Guillaume Diop d’accéder au rang d’étoile. Décidément, José Martinez souhaite imposer sa marque très vite. La nouvelle est tombée de très bon matin le samedi 11 mars, puisque cette nomination a eu lieu en Corée du Sud où le Ballet était en tournée avec Giselle. Le jeune homme remplaçait Hugo Marchand dans le rôle d’Albrecht aux côtés de Dorothée Gilbert.
Certains parleront d’ascension fulgurante puisque Guillaume Diop n’est même pas passé par la case Premier Danseur. Il est nommé plus ou moins au même âge que Germain Louvet, Hugo Marchand ou encore Paul Marque, et est moins précoce que Mathias Heymann et Mathieu Ganio dans la génération précédente. Cette impression d’avoir grillé les étapes tient surtout au fait que les saisons amputées par la crise sanitaire et la maigre programmation classique n’ont pas vraiment permis aux spectateurs habitués de voir grandir le danseur sur scène. Sa progression s’est construite loin des projecteurs, dans les studios de répétition. Pour caricaturer, ou vous aviez la chance de tomber sur le soir où Guillaume Diop était promu en tête d’affiche suite à la pénurie d’étoiles masculines, ou vous le remarquiez peut-être dans l’anonymat du corps de ballet. C’est pourquoi son nom apparaît très peu dans les pages de ce blog.
En me replongeant dans mes notes de spectacle, je me rappelle l’avoir vu pour la première fois sur scène lors du Spectacle de l’Ecole de Danse en 2015 dans D’ores et Déjà, variation contemporaine sur la danse baroque chorégraphiée par Béatrice Massin et Nicolas Paul. Il intègre la compagnie en 2018, dernière année sereine de la troupe avant une période de turbulences. La grève à rallonge en décembre 2019 (contre la réforme des retraites) puis le COVID vont quelque peu perturber les forces en présence chez les danseurs. A la sortie du tunnel, ce ne sont plus forcément les même têtes qui sont mises en avant chez les messieurs par Aurélie Dupont et la vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain, la faute aux blessures. C’est dans ce contexte que Guillaume Diop est distribué comme Roméo dans Roméo et Juliette aux côtés de Léonore Baulac alors qu’il n’est que quadrille (dansant en parallèle dans le corps de ballet, notamment dans la danse des drapeaux). Il est visiblement suffisamment convaincant et bon partenaire pour que l’on fasse à nouveau appel à lui pour Solor dans la Bayadère (avec Dorothée Gilbert), Basilio dans Don Quichotte (avec Léonore Baulac) ou cet hiver pour Siegfried dans le Lac des Cygnes (avec Dorothée Gilbert). Les promotions au concours interne s’enchaînent, le poste de Premier Danseur semblait une suite logique en novembre prochain car il est désormais plus expérimenté que certains Premiers Danseurs en terme de répertoire classique.
Avant qu’il ne s’envole pour la Corée, il apparaissait dans le programme d’hommage à Patrick Dupond distribué comme une Etoile, notamment en danseur de mazurka dans Etudes, première fois où je le voyais sur scène dans un premier rôle. Dans cet exercice virtuose, il faisait preuve de beaucoup de panache, même si cette énergie apparaissait un peu brouillonne par moments, en comparaison du style impeccable de Paul Marque avec lequel il partageait la scène ce soir-là. Guillaume Diop est encore un jeune danseur, qui doit mûrir artistiquement, mais, sachant que ses prises de rôles se sont effectuées la plupart du temps dans l’urgence, il doit avoir des facultés d’apprentissage assez exceptionnelles. On attend la suite avec impatience.
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