Je me demande si, même dans ses rêves les plus fous, Valentine Colasante imaginait franchir la dernière marche dans la hiérarchie du Ballet de l’Opéra de Paris et accéder au titre d’étoile. En effet, après 5 années en tant que première danseuse, elle était honnêtement distribuée, conformément à son rang, mais moins que Hannah O’Neill et Sae Eun Park, ou même que Marion Barbeau, pourtant encore sujet. Tout laissait donc penser qu’à 28 ans, elle allait poursuivre une jolie carrière à ce grade à la manière de Mélanie Hurel ou de Muriel Zusperreguy.
Sa nomination à l’issue de l’avant-dernière représentation de la série hivernale de Don Quichotte, où elle remplaçait Amandine Albisson blessée aux côtés de Karl Paquette, a donc tout de la grosse cote.
Et pourtant, la demoiselle est coutumière des surprises. Déjà en 2012, pas grand monde n’aurait parié sur elle pour l’unique poste de première danseuse au concours devant Amandine Albisson et Héloïse Bourdon : sa performance le jour J lui avait permis de décrocher la timbale. Cette promotion lui donne un peu plus d’exposition (quoi que …) dans des seconds rôles où sa jolie technique et son explosivité sont mises à profit. Benjamin Millepied va lui permettre de s’épanouir davantage, et l’on remarque enfin Valentine Colasante sur scène pour elle, et non pas comme simple faire-valoir des étoiles de la soirée.
Valentine Colasante ne faisait pas partie des « chouchous » de la génération Millepied, mais le directeur trop pressé a eu le mérite de vouloir introduire un peu de diversité physique dans sa troupe et sait reconnaître le talent technique. La jeune femme ne ressemble pas à un mannequin mais plutôt à la jeune femme d’à côté : Balanchine qui aimait toutes les ballerines aurait sans doute validé. C’est dans le répertoire balanchinien que j’ai commencé à apprécier Valentine Colasante. Elle fait partie des rares danseurs de l’Opéra qui le danse avec esprit, avec la musicalité, la vitesse et la prise de risque qui frappent lorsque l’on découvre le New York City Ballet dans le même répertoire. Le point d’orgue est la façon dont elle s’est emparée de Rubis en début de saison, avec celui qui est un peu son partenaire attitré à l’Opéra pour les pas de trois et autres passages virtuoses, François Alu. Le couple fait des étincelles sur scène et c’est vraiment jubilatoire de les voir s’amuser et se jouer des difficultés dans leur pas de deux mené tambour battant. Valentine Colasante est certainement la danseuse qui existe le plus « techniquement » à côté du phénomène Alu.
Reste donc à la découvrir dans une veine plus interprétative. A part Kitri, qu’elle avait déjà dansé avec François Alu lors d’une tournée au Japon en 2014, elle n’a finalement eu que des seconds rôles dans les ballets narratifs (Myrtha dans Giselle, Effie dans la Sylphide, Gamzatti dans la Bayadère, Prudence dans la Dame aux Camélias ou encore la favorite du Khan dans la Source). Les échos sur sa performance de vendredi ou sur la façon dont elle s’est emparée du rôle de l’Elue dans le Sacre du Printemps laissent augurer de bonnes surprises.
Autres motifs de satisfaction : cette nomination est intervenue après une performance brillante, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé, et sonne également comme un passage de témoin avec son partenaire du soir, Karl Paquette, dont c’était le dernier Basilio et qui semble partager un certain nombre de valeurs avec la nouvelle étoile.
Mots Clés : Valentine Colasante
Un peu n’importe quoi quand même cette nomination. A mon sens, il lui manque le petit truc qui fait d’un danseur ou d’une danseuse un artiste exceptionnel. Elle rentre bien dans les clous, technique plutôt solide , mais après, ça reste bien sans être génialissime. Tout le monde a été surpris car personne n’imaginait une seule seconde qu’elle pouvait devenir étoile.
La directrice fait ce qu’elle veut, et j’ai l’impression qu’avec ses nominations, elle s’assure qu’on ne lui volera pas la vedette.
Décevant mais félicitation quand même à elle.