Il y a un peu moins de deux ans les spectateurs de l’amphithéâtre Bastille étaient suspendus aux lèvres de Benjamin Millepied, répétiteur de luxe, qui volait la vedette à ses jeunes danseurs lors d’une répétition du Lac des Cygnes. L’ambiance était nettement moins survoltée en ce premier samedi de décembre pour une séance de travail dirigée par Clotilde Vayer avec Léonore Baulac et Germain Louvet, deux danseurs auxquels Benjamin Millepied a donné leur première chance dans un grand ballet et qui vivent une belle ascension dans la compagnie depuis deux saisons.

Bonne humeur sur le plateau avec Léonore Baulac, Germain Louvet et Clotilde Vayer

Bonne humeur sur le plateau avec Léonore Baulac, Germain Louvet et Clotilde Vayer

Germain Louvet vient de passer premier danseur à l’issue d’un concours magistral et il est le seul danseur non étoile titulaire sur le rôle de Siegfried dans la série qui va s’ouvrir la semaine prochaine. Il aura 3 dates avec Ludmila Pagliero à laquelle il était déjà associé sur Blake Works I de William Forsythe, avec une prise de rôle sur la matinée de Noël.

Léonore Baulac n’est que remplaçante sur le double rôle d’Odette/Odile mais, étant donné que seulement 4 danseuses (Amandine Albisson, Myriam Ould-Braham, Laura Hecquet et Ludmila Pagliero) se partagent cette longue série de décembre, elle a une petite chance de monter sur scène. Pendant cette séance, Clotilde Vayer a choisi de se concentrer sur la jeune femme qu’elle prénomme affectueusement « Léo ». On va ainsi balayer en une heure quasiment toutes les difficultés du ballet pour la ballerine : de l’entrée d’Odette au premier acte en passant par l’adage et la variation du cygne blanc avec ses double ronds de jambe, le pas de trois du 3ème acte avec les tours attitude de la variation du cygne noir et son spectaculaire manège jusqu’à l’adage du dernier acte. Léonore Baulac, toujours souriante, puise largement dans ses réserves d’endurance, tandis que « ce sont les vacances » pour Germain Louvet, plaisante Clotilde Vayer.

A la recherche du cygne parfait

A la recherche du cygne parfait

C’est plaisant de voir la passion qui anime Clotilde Vayer dans sa transmission, faisant le lien entre la technique et l’intention du chorégraphe, et les échanges entre la pédagogue et les danseurs auxquels elle laisse la parole pour qu’ils expriment leurs sensations et leur compréhension de leur rôle.

L'art de l'adage

L’art de l’adage

La rencontre d’Odette et du Prince est l’occasion d’admirer l’arbalète de Siegfried bricolée dans les coulisses avec un cintre et de prendre une petite leçon de pantomime, Clotilde Vayer s’amusant à demander aux danseurs de reprendre tout le passage sans la musique avec les paroles, ce qui provoque l’hilarité des comédiens improvisés et du public. Clotilde Vayer demande aux danseurs de garder plus de distance dans la pantomime et corrige Léonore Baulac sur sa posture (elle ne doit pas être craintive, elle est consciente de son rang de reine).

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Léonore Baulac nous gratifie de magnifiques équilibres arabesques et montre combien elle est une interprète sensible et juste : elle est déjà Odette en répétition. Son Odile fait peut-être un peu méchante de Disney mais c’est un rôle compliqué à aborder à froid et hors contexte. Le partenariat avec Germain Louvet est fluide et spontané : même s’ils n’ont pas répété ensemble le Lac, les automatismes et la complicité emmagasinés ensemble sur Casse-Noisette, Roméo et Juliette ou le premier mouvement du Brahms-Schoenberg Quartet transparaissent dans la légèreté des portés et la confiance avec laquelle la ballerine s’abandonne dans les bras de son partenaire. Clotilde Vayer souligne dans sa conclusion une des qualités de la danseuse : « elle ose et ça c’est formidable ».

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