L’Opéra annonce ses nouvelles saisons toujours plus tôt et c’est toujours un peu bizarre de composer son abonnement pour des spectacles qui auront lieu dans 9 voire 18 mois. Je ne me pose plus trop la question de l’abonnement ou pas : c’est pour moi une manière simple d’avoir une place de bonne visibilité au Palais Garnier sans être contraint de se retrouver en catégorie 1 et si, par malheur, on n’est plus disponible le soir en question, les places de bon rapport qualité-prix trouvent facilement preneurs sur Bourse Opéra.

Bonne nouvelle, pour la prochaine saison, en plus de pouvoir échanger ses places pour une autre date d’une même série, l’abonnement permettra également de se reporter sur un autre spectacle. Les formules pour les abonnements hors jeunes, familles et adultes de moins de 40 ans (ces deux dernières catégories font leur apparition) sont très simples : on peut s’abonner à  partir de 4 spectacles, on a une réduction de 10% à partir de 6, et on ajoute un bon de réduction à partir de 9.

Des petites améliorations qui montrent que la satisfaction client est davantage prise en compte. Il ne restera plus qu’à améliorer l’interface pour choisir sa place en ligne et à faciliter la réservation de places isolées, et ce sera presque parfait.

Voici une petite aide à la sélection toute personnelle pour les spectacles de danse.

Les essentiels

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Orphée et Eurydice – Marie-Agnès Gillot et Stéphane Bullion

Pour les 4 spectacles de base, je choisis les programmes que je veux voir à tout prix, dont je suis sûre qu’ils ne seront pas bradés et pour lesquelles trouver un place bien placée et pas trop chère sera potentiellement difficile. J’ai donc sélectionné :

Joyaux : Balanchine, référence marquante pour Benjamin Millepied, ne se retrouve pas mis au placard par Aurélie Dupont. Deux de ces œuvres seront à nouveau programmé la saison prochaine. Joyaux fait partie de la veine classique du chorégraphe et fêtera son demi-siècle cette année. Cet été, à New York, l’Opéra de Paris dansera Emeraudes aux côtés du Bolchoï et du New York City Ballet qui danseront Rubis et Diamants. Dommage que l’initiative ne soit pas réitérée pour l’ouverture de la saison à Paris. Pour l’abonnement, les 22 et 23 septembre sont à privilégier pour bénéficier du Défilé du Corps de Ballet. Une soirée tutus et strass en perspective, comme une démonstration du lustre réel ou fantasmé de la compagnie.

Don Quichotte : c’est le grand classique de la saison, un peu seul, il faut bien l’avouer. Lors de la dernière reprise, Mathilde Froustey, depuis partie à San Francisco, avait fait des étincelles en Kitri aux côtés des deux jeunes premiers d’alors, Arthus Raveau et François Alu. L’étoile de ces derniers a un peu pâli, mais François Alu est un Basilio de feu et je me réjouis de le revoir dans ce rôle. Pour Kitri, Dorothée Gilbert (mais elle a déjà beaucoup dansé le rôle), Ludmila Pagliero et Laura Hecquet semblent incontournables.

Onéguine : le ballet narratif néo-classique de John Cranko est au répertoire de toutes les grandes compagnies et l’Opéra de Paris, depuis qu’il a fait l’acquisition des droits de l’œuvre, en use et en abuse, mais c’est le spectacle coché d’une grosse croix sur mon programme. C’est un ballet que j’ai vu danser par des interprètes exceptionnels: Manuel Legris avec Clairemarie Osta dans sa série d’adieux, Isabelle Ciaravola également sur sa série d’adieux avec Evan McKie puis Hervé Moreau. Dans la génération actuelle, quels seront les danseurs capables de nous faire atteindre les mêmes sommets d’émotion ? Hervé Moreau pourra-t-il danser une dernière fois un de ces meilleurs rôles ? Un duo avec Laetitia Pujol aurait beaucoup d’allure. Stéphane Bullion, qui a tout pour être le parfait Onéguine, pourra-t-il enfin aborder ce rôle ? Mathieu Ganio reprendra sans doute le rôle déjà dansé en 2011. Du côté des danseuses, la logique de la hiérarchie et de l’ancienneté dans le poste devrait prévaloir. On peut ainsi imaginer que Léonore Baulac prenne le rôle d’Olga, et que Myriam Ould-Braham puisse aborder Tatiana.

Orphée et Eurydice : la soirée à réserver est celle du 31 mars, pour les adieux à la scène de Marie –Agnès Gillot qui a créé à Paris l’opéra-ballet chorégraphié par Pina Bausch. Une grande œuvre représentative de l’éclectisme du répertoire de l’Opéra.

En 6 soirées

Le Lever du Jour

Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied – Aurélie Dupont et Hervé Moreau

Pour obtenir une réduction de 10%, j’ajoute :

Play : cette création commandée au Suédois Alexander Ekman devrait être l’évènement chorégraphique contemporain de la fin 2017 à Garnier.

Millepied / Béjart : les 2 chorégraphes sont réunis pour une soirée sous le signe de Ravel dans l’immense vaisseau de Bastille. Le Daphnis et Chloé de Millepied est objectivement la chorégraphie la plus intéressante et la plus ambitieuse de l’ère Millepied à Paris, avec une trame narrative un peu plus consistante que celles de ses pièces ultérieures, et est très agréable à voir et à écouter. Le clou de la soirée devrait quand même être le Boléro de Béjart dont l’Opéra a renouvelé les droits. Qui montera sur la table ? Marie-Agnès Gillot ? Karl Paquette en rêve. Et François Alu, ce serait pas mal aussi.

En 9 soirées

Orage sur l'arbre de mai

La Fille Mal Gardée – Orage sur l’arbre de mai

Le Spectacle de l’Ecole de Danse : c’est toujours une des soirées réussies de la saison. Ivan Clustine, Jiri Kylian et John Neumeier sont au programme. Pour ceux qui ne sont pas aventureux et ne souhaitent pas dépasser 6 dates, cette soirée peut remplacer avantageusement Play.

La Fille mal gardée : on a un peu l’impression que le ballet de Frederick Ashton revient tous les deux ans. Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, il faut miser sur une date de début de série pour avoir une distribution étoilée. Le(s) duo(s) rêvé(s) : Myriam Ould-Braham avec Mathias Heymann ou Josua Hoffalt.

Balanchine/Teshigawara/Bausch : Agon, œuvre majeure de Balanchine période black and white, et le Sacre du Printemps, chef d’œuvre de Pina Bausch, encadreront une création de Saburo Teshigawara, un des chorégraphes de chevet de Nicolas Le Riche et d’Aurélie Dupont dont la précédente incursion à Garnier m’avait laissée dubitative.

Et si vous en voulez plus

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Anne Teresa de Kaersmaeker – Quatuor n°4

J’ai volontairement laissé de côté 3 soirées en misant sur le fait qu’elles devraient se retrouver en promotion. Le Roméo et Juliette de Sasha Waltz verra les adieux d’Hervé Moreau sans doute avec Aurélie Dupont pour l’accompagner : on a un peu de mal à imaginer Bastille plein pour toutes les dates de ce spectacle, par ailleurs surtaxé au tarif opéra, il est donc urgent d’attendre les soldes. La soirée Anne Teresa de Kaersmaeker est une reprise de la programmation de la saison dernière, une belle soirée mais sans doute des promotions en perspective. A noter également, la reprise de l’opéra Cosi Fan Tutte chorégraphié par ATDK entré au répertoire cette saison. Enfin, il ne devrait pas être trop compliqué de réserver des places pour la soirée contemporaine réunissant fin mai 2018 une création de James Thierrée dans les espaces publics de Garnier, le Seasons’ Canon de Crystal Pite et deux pièces inédites de l’Espagnol Ivan Pérez (création pour les danseurs masculins) et de l’Israélien Hofesh Shechter.

Par rapport aux deux saisons signées Millepied, la saison 2017-2018 paraît finalement pauvre en nouveautés. Aurélie Dupont a concocté une saison compilation qui puise largement dans l’héritage de Brigitte Lefèvre. L’avantage, c’est que cela laisse peu de place aux mauvaises surprises. Parmi les 9 soirées que j’ai retenues, en dehors de Play dont on ne sait rien et du Teshigawara en sandwich entre deux chefs d’œuvre, il y a peu de chances de sortir déçu.

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