La légendaire comédie musicale de Vincente Minnelli, an American in Paris, passe du grand écran à la scène pour la première fois, et c’est au Châtelet que cela se passe en avant-première de la présentation à Broadway en mars prochain. En attendant la première “mondiale” le 10 décembre, la troupe rôde le spectacle pour une dizaine de représentations dites de “preview” à un tarif légèrement plus doux.

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Aux commandes de ce “musical” à l’ancienne, le britannique Christopher Wheeldon, l’un des chorégraphes stars de la planète danse, démontre son talent de conteur avec ces 2h30 de musique, de chant, de théâtre et de ballet qui transportent au rythme de George Gershwin le spectateur dans un Paris de l’après-guerre de carte postale.

Un Américain à Paris

Jerry, le GI peintre, se lie d’amitié avec un compatriote, Adam, compositeur alter ego de Gershwin, et Henri, héritier d’une dynastie textile, qui se rêve “meneur de revue musicale” en Amérique. Ils sont tous trois amoureux sans le savoir de la même jeune fille, modiste et aspirante ballerine, Lise, dont le coeur balance entre le séduisant Jerry et son fiancé Henri qui l’a protégée pendant la guerre. Milo Davenport, grande bourgeoise américaine et apprentie mécène, va donner un coup de pouce à la carrière artistique d’Adam, de Jerry et de Lise en finançant la production d’un ballet de Monsieur Z, chorégraphe russe installé à Paris, et s’interposer un temps dans l’histoire d’amour de Jerry et Lise. La première du ballet est un succès et permet au véritable amour de se révéler et de triompher.

 

Au travers des aventures sentimentales des cinq protagonistes, se dessinent en filigrane une  peinture des milieux bohèmes de l’époque et des mutations de la société avec l’abolition de certaines barrières sociales, une réflexion sur les rapports entre l’art et l’argent et sur la fascination des Américains pour la “grande” culture européenne, miroir de la fascination européenne pour la culture populaire américaine.

Mais on est là avant tout pour se distraire, et un Américain à Paris est un divertissement élégant et sophistiqué. Comme un hommage à la fluidité de la mise en scène et au sens du cadre de Vincente Minnelli, les tableaux s’enchaînent naturellement grâce à des panneaux mobiles et des projections vidéos qui remplacent les toiles peintes pour figurer les différents lieux de l’action : les quais de Seine, le studio et la scène du théâtre, le café parisien, le cabaret, le grand magasin, l’appartement de Milo ou l’hôtel particulier des parents d’Henri. Le dispositif scénique n’est pas sans rappeler le travail effectué par Jérôme Kaplan pour les Illusions Perdues d’Alexei Ratmanski, tandis que pour le ballet final, les décors évoquent ceux de Buren pour Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied.

Un Américain à Paris Première 2

Les parties dansées sont superbes et s’intègrent naturellement dans l’action. Mention spéciale pour le très joli tableau aux Galeries Lafayette. Il faut dire que Jerry et Lise sont interprétés par deux magnifiques danseurs, l’étoile du New York City Ballet, Robert Fairchild, et la danseuse du Royal Ballet, Leanne Cope.

Leanne Cope et Robert Fairchild (photo : Sylvain Gripoix)

Leanne Cope et Robert Fairchild (photo : Sylvain Gripoix)

Ils s’avèrent tous deux très à l’aise dans la comédie, avec une présence scénique remarquable pour lui (gouailleur, charmeur, amoureux, il est totalement dans son personnage) et un joli filet de voix pour elle sur The Man I Love. Face à ce couple “craquant”, on notera la classe de l’interprête de Milo, Jill Paice, et l’abattage de Max von Essen dans le numéro musical d’Henri, I’ll build a Stairway to Paradise.

En sortant de ce Broadway sur scène, vous ne pourrez que fredonner Love is Here to Stay.

Le directeur musical, Brad Haak

Le directeur musical, Brad Haak

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