En 2015, le Britannique Wayne McGregor réunissait les danseurs de sa compagnie et ceux de l’Opéra de Paris (dont les étoiles Marie-Agnès Gillot et Jérémie Bélingard) pour une création dans le cadre du Manchester International Festival, Tree of Codes. Tree of Codes fait référence à l’œuvre de Jonathan Safran Foer, objet littéraire non identifié que le romancier a écrit en faisant des couper-coller du texte d’un recueil de nouvelles de Bruno Schulz,  The Street of Crocodiles (The Street of Crocodiles) . Par analogie, le ballet de Wayne McGregor est un collage de sons, lumières et mouvements, pour laquelle le chorégraphe s’est entouré du DJ remixeur Jamie xx et du plasticien danois Olafur Eliasson. En février 2017, l’œuvre investissait les ors du Palais Garnier pour un « trip » spectaculaire qui laissait le public groggy.

En ce début d’été, Tree of Codes est transposé dans l’immense vaisseau de Bastille, modifiant ainsi sensiblement la perception de l’œuvre et notamment le travail d’Olafur Eliasson avec ses jeux sur les surfaces, les réflexions et les couleurs de la lumière. Voir se refléter sur les miroirs en fond de scène l’architecture d’un théâtre à l’italienne, cela n’a pas le même pouvoir de fascination que la froideur clinique de la salle de Bastille. De même, les « beats » de Jamie xx sont moins surprenants dans ce cadre moderne. Le dispositif n’en reste pas moins immersif : du tableau initial avec la danse scintillante, sur la scène plongée dans l’obscurité, des  diodes fixées sur les corps des danseurs, au final tout en crescendo, amenant les danseurs aux limites de leur endurance tandis que des lentilles colorées géantes sculptent l’espace scénique, le spectateur est sans cesse sollicité.

Pour cette reprise, Valentine Colasante et François Alu prennent la relève de Marie-Agnès Gillot et Jérémie Bélingard. Valentine Colasante s’avère très à l’aise avec le vocabulaire classique dynamité de Wayne McGregor, en particulier dans le très beau pas de deux où elle est associée à Julien Meyzindi qui fait ici une de ses dernières apparitions avec l’Opéra. François Alu m’a paru plus emprunté dans cet exercice purement plastique : disons que, une fois n’est pas coutume, on remarque autant voire plus d’autres danseurs que lui sur scène, Louis McMiller notamment dans la troupe de Wayne McGregor ou Sébastien Bertaud.

En conclusion, une reprise pas forcément indispensable, mais Tree of Codes passe le test de la deuxième vision sans encombres.

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