En plein milieu d’une série contemporaine consacrée à Merce Cunningham et William Forsythe, le gala dédié à la grande étoile française, Yvette Chauviré (1917 – 2016), qui aurait eu 100 ans ce 22 avril, apparaissait comme une oasis bienvenue, dédiée au classicisme et au répertoire historique de l’Opéra de Paris.
Malheureusement, les promesses ne sont pas toujours tenues, et la soirée s’est avérée assez inégale, voire teintée d’un amateurisme malvenu pour une soirée d’hommage et, qui plus est, surtaxée.
Et pourtant, tout avait bien commencé avec le Défilé du Ballet, un spectacle toujours aussi magique et émouvant, communion entre la troupe et son public, qui, sur ces dernières saisons, paraît par moment le seul lien ténu qui relie encore à son héritage une compagnie de plus en plus orientée vers le contemporain et le néo-classique. Il y a le bonheur des premières fois pour Germain Louvet, Hugo Marchand et Léonore Baulac, l’émotion des dernières fois pour Laetitia Pujol, Jérémie Bélingard, Mélanie Hurel et Emmanuel Thibault, l’ovation spontanée pour les talents les plus brillants, Dorothée Gilbert et Mathias Heymann, et ce pincement au cœur pour le prince qui va bientôt nous quitter et qui nous a fait vivre tant de belles soirées, Karl Paquette.
Pour le reste, peu de vibrations sur cette soirée, très chiche en danse, seulement 34 minutes, malgré une jolie sélection d’œuvres emblématiques de l’art d’Yvette Chauviré, qui nous a fait regretter le manque de diversité de la programmation actuelle par rapport à la richesse du répertoire parisien. Pourquoi cette surdose de Balanchine et de programmes mixtes compilant les chorégraphes américains, alors que Serge Lifar semble tombé aux oubliettes ?
On pardonnera à Mathias Heymann et Myriam Ould Braham leur fébrilité sur le Grand Pas Classique de Victor Gsovsky, car ils nous enchantent presque à chacune de leur sortie sur ce répertoire classique dont ils sont les piliers dans la troupe. Le pas de deux des Mirages de Serge Lifar a été fort bien dansé par Amandine Albisson, dont c’est peut-être le meilleur répertoire, et par Josua Hoffalt, un peu perdu de vue cette saison. Il y a un goût de trop peu à ce court extrait, et il en va de même pour Suite en Blanc, chef d’œuvre de Serge Lifar, dont nous n’avons pas eu le droit à l’intégralité mais seulement à un medley. L’Adage de Suite en Blanc dansé par Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio est le moment le plus inspiré de la soirée, tandis que Léonore Baulac fait honneur à son titre d’étoile tout neuf dans la Flûte.Dorothée Gilbert fait revivre la chorégraphie mythique de la Mort du Cygne de Mikhail Fokine sur la scène du Palais Garnier, mais son passage est un peu gâché par l’impression gaguesque laissée par les 3 minutes top chrono pour un micro extrait des Deux Pigeons dansé par les élèves de l’Ecole de Danse.
Un petit film hommage, avec images d’archives, notamment des adieux à la scène d’Yvette Chauviré dans Giselle, son rôle fétiche, vient conclure ce programme frustrant à plus d’un titre.
Mots Clés : Amandine Albisson,Dorothée Gilbert,Germain Louvet,Josua Hoffalt,Léonore Baulac,Ludmila Pagliero,Mathias Heymann,Mathieu Ganio,Myriam Ould-Braham,Yvette Chauviré