Ma rentrée culturelle est un peu tardive cette année, ayant fait l’impasse sur le premier spectacle de la saison du Ballet de l’Opéra, une soirée contemporaine qui ne m’inspirait pas vraiment. C’est donc avec une certaine impatience que j’ai repris le chemin de l’Opéra Bastille pour assister à une répétition publique. José Martinez a eu la bonne idée de rétablir ce format qui était porté disparu depuis la fin de la saison 2017, en étoffant même l’heure de répétition d’une séance de questions – réponses de 30 minutes.

En ce samedi 21 octobre, la session était consacrée à l’Ecole de Danse, présentée par Elisabeth Platel, la directrice de l’Ecole, et dirigée par le chorégraphe Martin Chaix. José Martinez s’est installé discrètement dans la salle après l’extinction des lumières.

Au programme, il y avait la répétition de 4 séquences de Ma Mère l’Oye créé par Martin Chaix pour l’Ecole de Danse la saison dernière et qui va être repris mi-novembre à Garnier dans le cadre d’un programme mixte opéra-ballet consacré à Maurice Ravel. Je n’avais pas assisté à la création (car Ma Mère l’Oye ne faisait pas partie de la soirée Hommage à Claude Bessy que j’avais prise dans mon abonnement) et ce que j’ai vu hier me donne bien envie de prendre une place.

Le premier extrait était un solo du passage consacré à la Belle au Bois Dormant, interprété par Indira Sas. Ensuite, nous avons suivi Albane de Lacropte de Chanterac et Corentin Dournes dans le pas de deux de la Belle et la Bête, avec une chorégraphie dans laquelle les danseurs doivent apprendre à gérer à deux les difficultés techniques tout en véhiculant des émotions. On est frustré de ne pas en voir plus. Dans la troisième séquence (Laideronnette, Impératrice des Pagodes), Jasmine Atrous (une ancienne candidate du show télé Prodiges) a fait montre d’une belle assurance et de beaucoup de présence scénique. Elle n’a pas intégré le Corps de Ballet lors du dernier concours de recrutement, mais ce serait bien dommage que cette danseuse ne puisse pas rejoindre la compagnie. Enfin un dernier duo composé du Petit Chaperon Rouge et de Curieuse (le nom inventé par le chorégraphe pour la femme de Barbe Bleue) réunissait Chiara Chapelet et Natalie Henry. Le travail de correction sur ce passage était particulièrement intéressant à suivre.

Les jeunes interprètes qui découvraient l’exercice pour la première fois sont venus saluer et ont laissé la place à Martin Chaix et à Elisabeth Platel qui se sont prêtés au jeu des questions – réponses.

Martin Chaix, ancien élève de l’Ecole et danseur du ballet qu’il a quitté pour une carrière internationale, a été sollicité par Elisabeth Platel lorsqu’elle a vu, en pleine pandémie, son travail avec le Bolchoï et la pièce qu’il avait chorégraphié pour Svetlana Zakharova. Il explique sa recherche en tant que chorégraphe sur la manière d’aborder la technique des pointes à travers un vocabulaire contemporain basé sur la sensation plus que sur les positions. C’est très rare à l’Ecole de Danse de faire une reprise si rapidement après la création (seulement 6 mois). Depuis la création, certains ont intégré la troupe professionnelle, ce qui fait que, si certains approfondissent leur rôle, d’autres font une prise de rôle. Les contraintes de la scolarité à l’Ecole de Danse font que le chorégraphe a très peu de temps pour répéter. Après des ateliers en octobre 2022, les répétitions se sont étalées de janvier à avril à raison de 3 heures par jour. La reprise amène quelques modifications par rapport à la création car il y a une alchimie qui se recrée avec les nouveaux danseurs. Une spectatrice s’inquiétait de la présence d’1 seul garçon dans cette répétition et à s’interroger de la difficulté à trouver des danseurs: Elisabeth Platel a rappelé avec une certaine véhémence qu’il y avait de très belles classes de garçons à l’Ecole de Danse. Elle a également précisé qu’à l’école on apprend tout ce que l’on vit dans une compagnie, y compris la frustration de ne pas être choisi pour un rôle, mais qu’il y a toujours un accompagnement et un dialogue avec le danseur. Elle essaie que tous les élèves de 1ère division ait la chance d’avoir un rôle de soliste (elle rappelle que cela n’a pas été le cas pour elle, ce qui ne l’a pas empêché d’être classé 1ère à l’entrée dans la compagnie). Elle évoque le stress de ces jeunes artistes, un stress qui passe toujours derrière l’immense joie de danser, contrairement à ce qui se passe lorsque l’on est dans le monde professionnel.

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