Deuxième épisode du festival Le Paris de la Danse avec un gala réunissant la troupe « hors les murs » des Italiens de l’Opéra et les « Stars of American Ballet », en l’occurrence des principals et solistes du New York City Ballet.
La petite troupe des Italiens de l’Opéra formée sous l’impulsion du premier danseur Alessio Carbone avec ses compatriotes (et assimilés) du ballet de l’Opéra de Paris peut se targuer aujourd’hui d’être une des initiatives « hors les murs » les plus dynamiques. Ces initiatives permettent aux danseurs de garder le contact avec la scène hors période de spectacles, d’aller à la rencontre d’un public sevré de danse classique et, pour les jeunes danseurs, d’avoir l’opportunité de danser sur scène des rôles d’étoiles. Alessio Carbone a la chance de compter dans sa troupe une vraie étoile, Valentine Colasante, une quasi-étoile, Paul Marque, et certains des artistes les plus prometteurs de la troupe (Bianca Scudamore, Francesco Mura ou Andrea Sarri).
Les « Stars of American Ballet » fonctionnent à peu près sur le même modèle. Fondé par Daniel Ulbricht, principal du New York City Ballet, la troupe a pour vocation de promouvoir la culture du ballet de par les Etats-Unis. Elle réunit les principals les plus en vue du New York City Ballet et peut puiser dans le répertoire très riche de la maison, et notamment les œuvres de George Balanchine et Jerome Robbins.
Pour le Paris de la Danse, 6 représentations étaient proposées, tournant sur deux programmes. Le deuxième programme, vu lors de la matinée du 15 juin, avait la particularité côté américain de ne présenter que des extraits de pièces de George Balanchine. Du côté des franco-italiens, le répertoire était plus éclectique, avec un clin d’œil appuyé du côté du répertoire parisien avec notamment le Don Quichotte de Noureev et Aunisde Jacques Garnier, rencontre du folklore et de la danse contemporaine.
J’ai particulièrement apprécié le côté sans prétention de ce gala de danse : dans l’intimité de la salle du Théâtre de Paris, on a comme l’impression d’être au spectacle de fin d’année d’une école de danse, et pourtant, malgré l’absence de décorum, il y a des « stars » de la danse sur scène, interprétant quelques-uns des plus beaux passages du répertoire classique et néo-classique.
Voir Balanchine danser par les danseurs du New York City Ballet est toujours un privilège. Teresa Reichlen est royale dans le pas de deux de Diamonds, idéalement soutenue par Tyler Angle (*). Le Tchaikovsky Pas de Deux était exaltant : fraîcheur et vitesse pour la jeune soliste Indiana Woods et incroyable virtuosité de Daniel Ulbricht. Le moment de grâce de l’après-midi viendra, une fois n’est pas coutume chez Balanchine, le chorégraphe amoureux des ballerines, d’un danseur, Ask La Cour, remarquable Apollo.
A l’applaudimètre, ce sont néanmoins les franco-italiens qui remportent la mise. Il est vrai que le pas de deux du mariage de Don Quichotte est la pièce de gala par excellence : Valentine Colasante est une Kitri rayonnante, et livre un spectacle jubilatoire avec le non moins brillant Paul Marque. Ils reviennent tous les deux en deuxième partie, elle pour le solo de la Mort du Cygne (*) qui, à mon avis, convient moins à ses qualités, et lui, pour un duo de concours, Delibes Suites chorégraphié par José Martinez, aux côtés d’Ambre Chiarcosso. Le néo-classicisme sensuel du Caravaggio chorégraphié par Mauro Bigonzetti sur du Monteverdi pâtit cruellement pour moi de la comparaison avec les extraits des chefs d’œuvre de Balanchine qui l’encadrent, mais il y a Bianca Scudamore qui a l’aura des très grandes (ah, quelles lignes et quel cou-de-pied !) et Francesco Mura que j’aurai aimé voir dans un exercice plus pyrotechnique. Aunis apporte l’ultime touche française au gala : le trio Simon Valastro, Andrea Sarri et Francesco Mura apportent toute leur sensibilité à ce petit bijou chorégraphique, tour à tour nostalgique et joyeux.
(*) Le programme indiquait Ask La Cour comme partenaire de Teresa Reichlen sur le pas de deux de Diamonds mais je pense qu’il s’agissait de Tyler Angle.
(**) Un lecteur me signale que ce n’est peut-être pas Valentine Colasante qui interprétait la Mort du Cygne : Sofia Rosolini comme sur l’une des autres dates?
Le Paris de la Danse continue avec une soirée tzigane avec Petia Iourtchenko le 17 juin et le Kibbutz Ballet du 21 au 23 juin.
Mots Clés : Alessio Carbone,Ambre Chiarcosso,Andrea Sarri,Bianca Scudamore,Francesco Mura,New York City Ballet,Paris de la Danse,Paul Marque,Simon Valastro,Valentine Colasante
Il m’a semblé que ce n’était pas Valentine Colasante qui dansait « la Mort du cygne » samedi après-midi, contrairement à ce qu’indiquait le programme. Peut-être Sofia Rosolini, indiquée pour les autres dates du programme B ?
Enfin bon, les programmes étaient gentiment approximatifs.
Merci pour la précision (article mis à jour en conséquence). Je n’ai sans doute pas été suffisamment attentive sur la Mort du Cygne. J’avais également un doute sur le partenaire de Teresa Reichlen dans Diamonds.