Ludmila Pagliero conclut en beauté sa première saison d’étoile avec une prise de rôle magistrale dans la Sylphide. Après Sérénade de Balanchine, la pétillante Kitri de Don Quichotte, une Carmen au jeu de jambes virtuose, la création de Pierre Lacotte pour le Tricentenaire de l’Ecole de Danse, là voilà représentante de l’école française face à l’école russe incarnée par Evgenia Obraztsova dans l’une des autres distributions du ballet.
Elle relève ce défi avec brio et réussit à se transformer en une créature évanescente, la quintessence de la ballerine romantique : on entend à peine ses pointes sur le plancher de Garnier. On a les yeux rivés sur ses pieds qui semblent animés de leur propre vie. Enfin, son plaisir à être sur scène pour ce ballet emblématique est palpable et déteint sur ses partenaires.
Face à elle, Florian Magnenet est comme à son habitude un partenaire attentionné. Ses variations ne sont pas ébouriffantes, mais sont bien réalisées et les réceptions sont particulièrement silencieuses. Sur le plan du jeu, il campe un James pas vraiment pressé de s’engager avec sa fiancée « terrestre », Effie, incarnée par Alice Renavand. D’ailleurs, on ne le sent jamais vraiment attaché à Effie, il n’est préoccupé que de la Sylphide.
C’est dans le 2 ème acte et l’univers de la forêt hantée par les Sylphides que le ballet décolle vraiment sur le plan dramatique. La magie de la machinerie théâtrale avec ses trappes, les sylphides qui volent, nous émerveille. Le 1er acte avec ses divertissements écossais est un peu long à mon goût : on n’y voit pas assez les 2 héros danser, même si le corps de ballet est impeccable. Le pas de trois La Sylphide – Effie – James est le point d’orgue du 1er acte.
Parmi les seconds rôles, Stéphane Phavorin, toujours très à son aise dans les rôles de caractère, est une sorcière effrayante. Fabien Révillion propose une belle variation dans le pas de deux écossais, et Amandine Albisson, parmi les trois Sylphides, laisse espérer le meilleur pour sa prise de rôle à venir.
Aléas des blessures et des partenariats brisés, Ludmila Pagliero et Florian Magnenet ont récupéré des dates. Ils assurent chacun 7 représentations, des occasions supplémentaires pour admirer la Sylphide remarquable de Mlle Pagliero.