Dernier ballet de l’année 2012 pour moi et l’occasion de découvrir Kitri et Basilio incarnés par le couple de premiers danseurs, Muriel Zusperreguy et Vincent Chaillet.

Après les couples dominés par la personnalité de Kitri (Pagliero-Paquette, Froustey-Raveau) ou jouant sur le registre de la complicité (Gilbert-Paquette, Froustey-Alu), ici, c’est Basilio qui mène la danse et entraîne Kitri dans l’aventure. Les deux danseurs ont opté pour un jeu relativement naturaliste, mais, à ce jeu-là, c’est Vincent Chaillet qui rayonne le plus sur le plateau : les variations du premier acte sont bien exécutées, on remarque une très belle utilisation de ses bras par le danseur, sa remarquable batterie ainsi que de belles arabesques. Muriel Zusperreguy est effacée par son partenaire, peut-être un peu trop grand pour elle et très (voire trop) protecteur: lors de la fuite des amoureux, les portés à une main ne sont même pas tentés. Néanmoins, l’adage du premier acte est un beau passage: visiblement la ballerine est plus à l’aise lorsqu’elle peut exprimer sa sensibilité que dans les morceaux de bravoure très rythmés.

Le début du deuxième acte permet de mettre en valeur les qualités des deux danseurs: absence d’artifices pour elle, superbes lignes pour lui. Cette promenade au clair de lune a été un des points d’orgue du ballet pour tous les couples et cette représentation n’échappe pas à la règle.

J’ai bien aimé Muriel Zusperreguy dans sa variation de Dulcinée. Là aussi, pas d’effets inutiles mais une grande douceur, une évanescence qui sied à ce personnage issu de l’imagination de Don Quichotte.

Le troisième acte a été un ton en dessous. Dans le grand pas de deux, on percevait une certaine appréhension de la ballerine et son besoin d’être soutenue par son partenaire et le public. Les fouettés sont revus et corrigés (pour plus de sûreté ?) par la danseuse. Vincent Chaillet est également apparu très crispé dans sa variation de Basilio, mais il conclut avec un très beau manège et des pirouettes maîtrisés.

Cette matinée permettait également de voir d’autres danseurs dans certains rôles secondaires. L’Espada d’Alexis Renaud fait sans doute plus ibère que celui de Christophe Duquenne, mais il ne semble pas très à l’aise avec sa cape. Il se libère au troisième acte dans la scène de la taverne ainsi que lors du fandango, accompagné de Sarah Kora Dayanova dont la danseuse de rue est le meilleur rôle sur la série. Charline Giezendanner est un Cupidon qui attire tous les regards dès qu’elle est sur scène. Après le ténébreux Allister Madin, c’est au tour du blond Mathieu Botto de camper le Gitan : après une entrée dynamique, bondissante et particulièrement spectaculaire, il semble accuser le coup sur la fin de sa danse « cosaque ».

On remarque que certains héros des épisodes précédents, François Alu, Mathilde Froustey et Héloïse Bourdon, ont réintégré le corps de ballet.

Au final, une sympathique matinée pour conclure mon année danse et qui donne envie de découvrir Vincent Chaillet dans d’autres grands rôles classiques.

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