Ce qu’aucune des étoiles qui ont pris leur retraite ces dernières années n’a eu le privilège d’avoir, Brigitte Lefèvre y est parvenue: une soirée spéciale , diffusée à un horaire décent (mais pas en prime time) le 8 novembre, sur France 3 pour clôturer ses vingt années à la tête du Ballet de l’Opéra de Paris.

Brigitte Lefevre les adieux

Outre la captation du défilé du ballet le 4 novembre et du trio Gilbert – Paquette – Hoffalt dans Etudes de Lander, le clou de la soirée, très attendu par toutes les mauvaises langues, était un documentaire d’1 heure consacré à la carrière de Brigitte Lefèvre et à sa dernière année à l’Opéra. Ce documentaire intitulé “Ma mère adorait la danse”, écrit par la fille de l’intéressée et réalisé par un proche, s’avère finalement plutôt bien construit, instructif et abordable pour les non initiés. Son mérite principal est que, même si son parcours personnel y est évoqué, Brigitte Lefèvre s’efface derrière la compagnie qu’elle a dirigée pour servir de guide au spectateur dans les coulisses du ballet.

On découvre ainsi avec bonheur quelques instantanés de la tournée au Japon. Eh oui, même Karl Paquette peut se blesser! Fabien Reveillon puis Vincent Chaillet le remplacent au cours d’une représentation de Don Quichotte mouvementée. Entre les revendications syndicales et une danseuse du corps de ballet qui essaie de réaménager un planning bien chargé, se dessine en creux le portrait d’une Brigitte Lefèvre, meneuse de troupe, passionnée par son métier, à l’écoute mais aussi capable d’une autorité cassante.

Don Quichotte Tournée au Japon

C’est peut être pour celà que le documentaire ne retient pas le parti pris d’un défilé des cadres de la troupe pour tresser les louanges de leur directrice et n’est pas non plus un journal des évènements qui rythment une saison. Peu de témoignages directs si ce n’est ceux d’Angelin Prejlocaj et d’Alice Renavand.

D’ailleurs, ce documentaire nous raconte finalement aussi la première saison d’étoile d’Alice Renavand. Le lien entre les deux femmes semble fort, un peu comme si Alice Renavand était l’étoile à laquelle s’identifie le plus Brigitte Lefèvre de par son parcours atypique. On la suit ainsi lors de très belles scènes de répétition du Parc avec Stéphane Bullion, toujours aussi ténébreux et énigmatique. On retrouve les mêmes avec Nicolas Paul et Florian Magnenet à l’occasion de la reprise d’Orphée et Eurydice de Pina Bausch.

L’arrivée de Benjamin Millepied passerait presque pour une anecdote périphérique, prétexte à une scène où, sous le vernis mondain se révèlent les tensions inhérentes à la passation de pouvoir, lorsque Brigitte Lefèvre fait le forcing auprès de son successeur pour que Dorothée Gilbert soit de la prochaine création de John Neumeier.

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