Jean-Luc Choplin, ex-directeur du Théâtre de Châtelet, a pris en main la Seine Musicale, la nouvelle salle de l’Ouest parisien qui se dresse à la place des anciennes friches industrielles de l’Ile Séguin. C’est donc tout naturellement que l’on retrouve un peu de l’esprit du Châtelet dans la programmation de cette salle, avec la reprise de West Side Story, peut-être la plus célèbre des comédies musicales, en version originale surtitrée.

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Si l’esprit du Châtelet flotte sur la programmation, on ne peut pas en dire autant de l’ambiance de la salle. Dès l’arrivée sur le site, le dispositif de sécurité est assez impressionnant, avec une gestion militaire du flux des spectateurs (hommes d’un côté, femmes de l’autre) pour un contrôle poussé incluant palpation et traque de la petite bouteille d’eau. Heureusement, l’été indien était de la partie : on ose à peine imaginer le même dispositif un jour d’hiver pluvieux. Une fois à l’intérieur, l’impression d’être dans la salle d’embarquement d’un aéroport se confirme, tempéré par une décoration temporaire aux couleurs de West Side Story. La salle est assez immense avec une jauge de près de 4000 places, supérieure à celle du Palais des Congrès qui paraît presque intime en comparaison : les places en mezzanine sont à privilégier car la visibilité est très mauvaise en parterre (on ne voit pas les pieds des danseurs) et dans les gradins, on est vraiment très loin. Enfin les sièges en bois font un peu cheap, quand on regarde le prix de son billet.

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Ces considérations purement matérielles peuvent paraître anecdotiques, mais elles influent beaucoup sur la capacité du spectateur à ressentir la magie du spectacle. Certes, la production « reconstruite » à partir du spectacle original de 1957 par le producteur allemand Michael Brenner est millimétrée avec la recréation astucieuse des rues de New York avec un jeu d’échafaudages sur fond de photos en noir et blanc, les superbes chorégraphies de Jérôme Robbins remontées par un de ses danseurs, Joey McKneely et la partition de Leonard Bernstein live très bien dirigée par Donald Chan. Mais la magie n’a pas vraiment opéré pour moi : j’ai plus vibré, une fois rentrée chez moi, en réécoutant la bande originale du film, que devant ce spectacle au cordeau où les artistes semblaient être en pilotage automatique. C’est du côté du casting féminin qu’on percevait un semblant de frémissement avec l’Anita volcanique de Keely Bairne dont le jeu réussissait à passer la rampe du premier gradin et Natalie Ballenger, Maria, plutôt à son aise vocalement, malheureusement pas trop aidée par son partenaire Kevin Hack, en difficulté avec ses aigus, dans leur duo potentiellement poignant « Tonight ». On se contente donc plus de voir une succession de numéros dansés et d’entendre les tubes intemporels du musical  signés Stephen Sondheim que de vivre une des plus belles histoires d’amour de tous les temps.

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