Honneur aux jeunes danseurs pour cette répétition dirigée par Benjamin Millepied et Elisabeth Maurin. Sae Eun Park, qui a hérité d’une soirée en tant qu’Odile/Odette face à François Alu (Siegfried) et Stéphane Bullion (Rothbart), était accompagnée de danseurs remplaçants pour l’instant sur cette série. Yannick Bittencourt était pour l’occasion Siegfried: habitué des séances de répétition du samedi, ce danseur au physique de prince évident a joué de malchance les saisons précédentes et n’a pas été à même de saisir les opportunités qui lui ont été offertes sur la Sylphide ou Etudes notamment. Jérémy-Loup Quer endossait quant à lui la cape de Rothbart : il semble avoir un ticket sur les rôles de méchant après le Mozdock de la Source. Les danseurs n’avaient pas encore eu l’occasion de travailler ensemble, il s’agissait donc d’une vraie première séance de travail.

Yannick Bittencourt, Sae Eun Park et Jérémy-Loup Quer

Yannick Bittencourt, Sae Eun Park et Jérémy-Loup Quer

La plus grande partie de cette séance a permis de travailler le pas de trois du 3ème acte (Odile/Siegfried/Rothbart), les 10 dernières minutes étant consacrées à l’entrée d’Odette à l’acte II.

Signe des temps? Par rapport à d’autres répétitions de classiques, les références à Noureev se font plutôt discrètes, et le relation particulière qui unit le Prince à son précepteur / Rothbart n’est pas du tout évoquée. Si le Lac des Cygnes est un ballet archiconnu, on aurait néanmoins apprécié un peu plus de pédagogie sur l’introduction du contexte des scènes qui nous ont été présentées. Il faut dire qu’avec Benjamin Millepied aux manettes de la répétition, cela ne traîne pas. Au démarrage de la séance, Elisabeth Maurin, qui joue le rôle de gardienne du temple par rapport à la version Noureev, a un peu de mal à trouver sa place et à faire valoir son point de vue face au directeur de la danse survolté qui fait tout, les corrections, le Prince, Rothbart et même Odile. Benjamin Millepied adopte une posture décontractée vis à vis de ses danseurs, mais, on sent, malgré l’ambiance plutôt souriante, que c’est lui le boss : les danseurs sont très attentifs à ses corrections et l’écoute avec respect.

Les deux répétiteurs insistent beaucoup sur la pantomime qui ne doit pas être surchargée et accompagnée de l’intention juste pour pouvoir toucher le spectateur dans l’immense vaisseau de Bastille. Elisabeth Maurin décrypte les subtilités du rôle féminin pour Sae Eun Park, tandis que Benjamin Millepied s’attache à aider les garçons à caractériser leur personnage et à peaufiner leur partenariat pour le rendre plus naturel, tous deux insistent sur la musicalité.

On est surpris de découvrir Sae Eun Park toute timide, alors qu’on l’a plutôt vue insolente de facilité sur scène lorsqu’elle est soliste. On se dit qu’elle va avoir du mal à se mettre dans la peau du Cygne Noir, mais c’est justement sa facilité technique qui devrait lui permettre de s’imposer dans ce rôle (elle doit être sûre d’elle, imposante, sans trop en faire avec ses bras, précise Elisabeth Maurin). Au passage, Elisabeth Maurin constate que Sae Eun Park a un saut magnifique. Si l’on excepte les petites difficultés de la danseuse à faire le tri dans les différentes versions du Lac qu’elle a pratiquées, la maîtrise technique du rôle est là et il s’agit bien de peaufiner les détails et d’interagir avec ses partenaires. Son cygne blanc est quant à lui déjà fort convaincant avec une belle expressivité du visage.

Yannick Bittencourt et Sae Eun Park

Sur le partenariat, on assiste à des réglages de haute précision: distance idéale et positionnement par rapport à la danseuse, gestion de la cape de Rothbart, toutes les petites corrections apportées sont étonnantes d’efficacité.

Rendez-vous le 9 avril pour découvrir Sae Eun Park dans le double rôle dont rêve toute ballerine. Espérons pour ses partenaires de répétition qu’ils auront eux aussi la chance d’interpréter Siegfried et Rothbart à la faveur des changements de distribution, monnaie courante sur les longues séries classiques.

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