Le Ballet National de Cuba a pris ses quartiers d’été à la Salle Pleyel à Paris pour une tournée 100% classique. Après une soirée de gala inaugurale, la troupe cubaine montrait sa Giselle dans la version chorégraphiée par sa directrice, la légendaire Alicia Alonso, par ailleurs une des grandes interprètes du rôle titre dans l’histoire de la danse.
Quand le rideau se lève sur des décors rudimentaires d’un autre âge au son d’une bande-son grésillante d’un enregistrement médiocre de la partition d’Adolphe Adam par l’orchestre de la Havane, je me suis demandée si j’étais bien dans la salle chic du huitième arrondissement aux tarifs surcotés ou revenue au début des années 80 au Palais des Sports de Metz pour le spectacle annuel de mon école de danse.
Heureusement, les danseurs nous font très vite oublier cet emballage indigne de leur talent. Ils ne dansent pas un ballet iconique mais ils nous racontent une très bonne histoire, la légende germanique se teintant ici de folklore caribéen. Cette interprétation au premier degré est très rafraîchissante, et j’ai rarement autant apprécié le 1er acte.

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Que la Giselle de Viengsay Valdès est belle et attachante dans ce 1er acte! Sa grande variation avec la diagonale de ballonnés est le plus beau moment de danse que j’ai vu cette saison. La scène de la folie est relativement sobre et totalement crédible.
Comme Giselle, l’Albrecht de Patricio Revé, très romantique, est un cœur pur, bien loin du noble veule et coureur que l’on a pu voir dans certaines interprétations parisiennes, tandis que Julio Blanes (Hilarion) est parfait en garde-chasse possessif et ombrageux.
Les divertissements villageois s’imbriquent parfaitement dans l’intrigue, avec un corps de ballet qui se débrouille bien avec l’espace scénique relativement exiguë pas forcément idéal pour ces artistes qui dansent grand. Le pas de deux des vendangeurs est remplacé dans cette version par un pas de dix des ami.e.s de Giselle où brille la technique des demi-solistes et plus particulièrement celle des messieurs.

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Le 2ème acte pâtit un peu des faibles moyens de la production. Les costumes aux reflets jaune fluo des danseuses n’aident vraiment pas à se projeter dans la magie de l’acte blanc et Ginett Moncho m’est apparue bien terrienne pour être Myrtha, la reine des Willis. C’est le couple principal qui se charge de nous envoûter avec Viengsay Valdès qui ne donne jamais l’impression d’être dans la routine (et pourtant combien de soirs a-t-elle dû être Giselle dans sa carrière) et Patricio Revé qui se voit enfin offrir un terrain d’expression pour sa grande technique (l’alternative cubaine aux entrechats six est assez spectaculaire).

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Au final, je dirais que la Giselle cubaine est sans doute la plus authentique qu’il m’ait été donnée de voir. Ce premier aperçu de la troupe laisse augurer du meilleur pour une série de Don Quichotte qui devrait être explosive.

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