La Fille Mal Gardée, c’est le « feel-good » ballet par excellence, synonyme d’été et de grandes vacances pour le spectateur parisien. 2008, 2009, 2012, 2015 et maintenant 2018, la reconstruction du ballet historique de Dauberval, « plus ancien ballet du patrimoine classique » , par Frédéric Ashton pour le Royal Ballet en est déjà à sa 5ème reprise sur la scène de Garnier. Pas besoin d’être un exégète de l’histoire de la danse classique pour apprécier cette œuvre qui a le charme d’un livre d’images colorées rétro et qui réjouira les spectateurs de 7 à 77 ans.

Pour ceux qui seraient blasés et estimeraient que c’est la reprise de trop, le plaisir de retrouver Lise, l’héroïne un brin chipie de l’historiette, Colas, son amoureux plein de ressources, l’hilarante Mère Simone qui, sous ses airs de dragon femelle, passe tout à sa fille et Alain, le prétendant éconduit, touchant et maladroit, est intact.

Le 28 juin, ce plaisir était même renforcé par l’infime espoir d’assister à la nomination de François Alu au titre d’étoile. Le premier danseur était distribué au côté d’Alice Renavand, étoile que l’on n’attend pas forcément dans ce registre hyper classique à ce stade de sa carrière. Sur le papier, le partenariat fonctionne: ils ont travaillé ensemble sur leurs premiers grands rôles lors du Don Quichotte de l’hiver 2012, et, pour accompagner un danseur « hors du cadre » comme Alu, le choix d’une danseuse au parcours « atypique » dans la maison est intelligent.

Sur scène, les bonnes vibrations pressenties sont bien là. Certes, Alice Renavand ne sera jamais Dorothée Gilbert ou Ludmila Pagliero pour la rapidité et la précision du travail de pointes, et elle ne dégage pas l’aura de la ballerine romantique d’une Myriam Ould-Braham. Mais elle fait valoir d’autres qualités : une jolie technique sur les sauts, une féminité radieuse qui sied particulièrement à Lise, une certaine témérité sur les portés et un naturel dans son interprétation, qui lui évite le piège des minauderies excessives. François Alu, qui avait pris le rôle en 2015, est étonnamment sobre: il a gommé le côté « cartoonesque » de son interprétation pour composer un Colas bien réel et attachant. Il est aux petits soins comme jamais avec sa partenaire, particulièrement mise en valeur, et est fidèle à lui-même sur les morceaux de bravoure individuels, quoique moins en force qu’il y a 2 ans.

Allister Madin

Simon Valastro en Mère Simone et Allister Madin en Alain sont là pour assurer le quota de rires dans la salle, tandis qu’Axel Magliano fait danser la petite troupe de villageois au son de sa flûte et au rythme de ses entrechats.

On aimerait tant voir cette belle soirée d’été se conclure par une nomination qui n’a que trop tarder et qui ne viendra pas. Partie remise ?

Mots Clés : ,,,,,,
Share This