A l’occasion de la journée des abonnés, Benjamin Millepied a dévoilé quelques passages de sa nouvelle création pour le Ballet de l’Opéra de Paris, Clear, Loud, Bright, Forward. Le titre de cette pièce est à lui seul un manifeste de sa vision pour la compagnie, une vision qu’il a partagée avec les nombreux spectateurs présents dans l’amphithéâtre Bastille en fin de dimanche après-midi.

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C’est la première pièce qu’il chorégraphie depuis qu’il est à la tête de la maison (au passage, il oublie le pas de deux, Together Alone, certes pas inoubliable, créé l’an passé). Cette situation le met dans une position différente de celle d’un simple chorégraphe invité, qu’il a été par le passé, car ses responsabilités ne sont pas les mêmes vis à vis des artistes. Il se sent responsable de leur carrière et de leur évolution dans la compagnie. C’est à lui de détecter le bon timing pour les plus jeunes d’entre eux, d’aller derrière les apparences pour révéler le potentiel caché de certains danseurs et également de répondre aux attentes des artistes qui arrivent plein de leurs rêves.

Benjamin Millepied revient sur les commentaires entendus sur sa propension à “pousser les jeunes”, mais, s’il le fait, c’est surtout parce que jusqu’à 24/25 ans les danseurs ont une marge de progression énorme. C’est à ce moment là qu’il faut les stimuler et les amener à se dépasser. L’étoilât n’est pas une fin en soi, le danseur doit pouvoir continuer à progresser et l’idéal serait que les spectateurs puissent le voir grandir et mûrir artistiquement.

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Le directeur de la danse poursuit avec quelques considérations sur la gestation de la pièce. Sur une musique créée spécialement par Nico Muhly, un compositeur avec lequel il a plusieurs fois collaboré, il a chorégraphié pour les danseurs du corps de ballet, un corps de ballet qui est pour lui le pilier de la compagnie, un passage obligé pour tous où l’on apprend le métier de danseur. La scénographie représente un univers fermé, une grande boîte grise dont les danseurs ne sortent pas: il n’y a pas de coulisses, un défi pour le chorégraphe. Le processus de création en studio a démarré en juillet avant les vacances et s’est poursuivi à la rentrée. Il s’agit véritablement d’une pièce de troupe, où il n’y a pas de hiérarchie: Benjamin Millepied insiste sur le fait que chaque danseur, qu’il soit étoile ou simple membre du corps de ballet, est capable de transporter le spectateur par sa personnalité.

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La façon dont il introduit les deux danseurs qu’il va faire répéter vient quelque peu contredire cette affirmation. Il a confié à Léonore Baulac et Hugo Marchand le pas de deux lyrique qui interviendra à peu près à la moitié du ballet d’une trentaine de minutes. En effet, il les considérait comme “les plus mûrs, les plus aboutis” et “ils sont plutôt parfaits déjà”. C’est vrai que c’est une association à l’esthétique saisissante et ils sont déjà rompus au style Millepied tout en fluidité et en entrelacements des corps, très glamour. Si la chorégraphie ne paraît pas follement novatrice par rapport à ce que Benjamin Millepied a proposé pour Daphnis et Chloé ou Together Alone (on commence à repérer certains gimmicks), l’interprétation et l’intensité données par les deux solistes donnent envie d’en découvrir plus. Benjamin Millepied et Janie Taylor (son ancienne partenaire au New York City Ballet et accessoirement épouse d’un de ses proches collaborateurs, Sébastien Marcovici) qui l’assiste dans cette création pour faire travailler les ballerines ont finalement assez peu de corrections à apporter. Décidément satisfait de ses deux protégés, Benjamin Millepied conclut par: “Ils forment un beau couple n’est-ce pas? Je pense que je vais souvent les distribuer ensemble”.

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