Pour son édition 2015, le spectacle de l’école de danse propose une programmation éclectique entre le pur classicisme de Soir de Fête de Léo Staats, le néo-classique 70’s de Maurice Béjart avec Variations Don Giovanni, le contemporain version Opéra avec Aunis de Jacques Garnier ou la danse de la cour du Roi Soleil revisitée au XXIème siècle du D’ores et Déjà de Béatrice Massin et Nicolas Paul.
Conçu pour dix-sept danseurs issus des différentes classes de l’école, D’ores et Déjà est repris seulement 2 ans après sa création à l’occasion du Tricentenaire de l’École de Danse, l’occasion pour certains garçons de retrouver cette œuvre et de mieux s’approprier sa signification. Comme souvent chez Nicolas Paul, la forme et la structure sont prépondérantes au détriment de l’émotion. Autour d’un unique décor constitué d’un cadre doré, à la fois cadre de l’espace scénique, métaphore des règles de la danse et symbole d’un voyage temporel, les jeunes artistes ressuscitent les évolutions des courtisans de Louis XIV, réglées sur des extraits des Indes Galantes de Rameau. Au fur et à mesure de l’avancement du ballet, les codes de la danse baroque sont cassés pour laisser la place à des éléments de danse contemporaine. On n’évite pas un certain ennui, notamment dans les passages dansés sans musique, mais certains danseurs, même chez les plus jeunes, crèvent déjà l’écran et parviennent à transcender les longueurs de la pièce. On apprécie la capacité d’un des jeunes solistes à occuper la scène lors d’un solo très poétique, manifestant déjà un beau tempérament artistique.
Avec les Variations Don Giovanni, pièce exclusivement féminine chorégraphiée sur les variations du jeune Chopin autour de l’opéra de Mozart, on est dans un registre beaucoup plus léger voir comique. L’action se situe dans le studio d’une école de danse où les jeunes filles rêvent du grand amour et d’un Don Juan qui ne saurait tarder mais n’arrivera jamais: la pièce se conclut par l’entrée d’un représentant de la gente masculine, non pas un séducteur mais l’homme à tout faire. La chorégraphie de Maurice Béjart est joliment virtuose permettant de mettre en exergue la musicalité des jeunes filles.
Un des temps forts de la soirée est sans doute Aunis, déjà donné pour le Tricentenaire et les adieux de Brigitte Lefèvre. Cette pièce du compagnon de route de Brigitte Lefèvre, Jacques Garnier, est un superbe hymne à l’amour fraternel rythmé par le son de deux accordéons sur scène. Chun Wing Lam, Francesco Mura et Andrea Sarri y sont particulièrement émouvants.
Mon autre coup de coeur de la soirée, c’est le Soir de Fête de Leo Staats sur des extraits de la Source de Delibes. Petit bijou de danse classique, ce court ballet de 30 minutes est un pur enchantement pour les yeux et les oreilles. Seule pièce de la soirée réunissant filles et garçons, c’est l’occasion d’admirer la maîtrise par les plus grands du pas de deux académique. La soliste principale de la soirée, Celia Drouy, a déjà le petit quelque chose en plus qui captive le spectateur. Chez les garçons, le Sicilien Andrea Sarri fait également belle impression.
On ressort de cette soirée pétillante curieux de connaître lesquels de ces danseurs feront leur chemin chez les « grands ».
Mots Clés : Ecole de Danse