Cuba était décidément à l’honneur dans les salles parisiennes en ce mois de mars. Quinze jours après la venue à Chaillot des danseurs d’Acosta Danza, c’était au tour du Théâtre des Champs Elysées de mettre à l’honneur la danse contemporaine cubaine avec une courte soirée confiée à la Malpaso Dance Company.
Contrairement à sa cadette de quelques années, Acosta Danza, la Malpaso Dance Company a proposé un programme moins authentiquement cubain, s’appuyant sur la reprise d’œuvres du répertoire de deux chorégraphes majeurs de la scène internationale, plutôt que sur des créations sur mesure. On ne présente plus Ohad Naharin, chef de file de la scène chorégraphique israélienne et père de la technique GAGA : les danseurs cubains reprennent une de ses premières œuvres, Tabula Rasa, chorégraphié sur l’œuvre éponyme d’Arvo Pärt. Le premier mouvement fait la part belle à une danse explosive, explosivité qui semble jaillir de l’intérieur des danseurs, conférant à l’ensemble un caractère presque tribal. Le travail sur la musique est étonnant. Le second mouvement est assez contemplatif, on a l’impression que le chorégraphe se détache et détache ses danseurs de la tentation de plaire aux spectateurs : la ligne de douze danseurs glisse progressivement au ralenti sur toute la largeur de la scène, jusqu’à ce que les trois derniers danseurs brisent l’harmonie monotone.
Woman with Water de Mats Ek est, quant à elle, une pièce récente du maître suédois, créée en 2020 pour le Ballet Royal de Suède. Nième variation sur le thème de l’individu dans un quotidien matérialisé par une iconique table, ce ballet est prenant de bout en bout grâce à la belle présence de la soliste Dayleidys Carrazana, ou quand l’art du chorégraphe confine à l’épure.
Reprenant un procédé scénique cher à Mats Ek, on enchaîne directement sur la dernière pièce chorégraphiée par Osnel Delgado, le fondateur de la compagnie. 24 Hour and a Dog, rythmée par le jazz afro-cubain d’Arturo O’Farill, est une chorégraphie réjouissante qui aurait tout à fait sa place à Broadway.
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