Curieux assemblage que ce programme mixte du New York City Ballet que j’avais inscrit à mon agenda essentiellement pour découvrir la veine «Americana» de Balanchine avec Western Symphony et pour le pouvoir d’attraction de Jerome Robbins et du titre magique West Side Story. Pour compléter la soirée, trois autres pièces étaient proposées, la courte Tarentella de Balanchine toujours et deux ballets du directeur actuel de la troupe en poste depuis 1990, Peter Martins.

Western Symphony (Balanchine)

Western Symphony est une pièce qui pourrait paraître kitsch au premier abord avec ses airs folkloriques entraînants, son décor figurant une rue du Far West, ses cowboys et ses girls de saloon. Balanchine s’approprie la mythologie de l’Ouest américain et construit sur cette trame un ballet de facture classique, comme lorsqu’il rend hommage aux maitres européens dans Symphony in C ou Tchaïkovski Piano Concerto n°2.

Western Symphony - Sara Mearns et Zachary Catazaro

Western Symphony – Sara Mearns et Zachary Catazaro

On pourra s’amuser à établir des correspondances entre les trois mouvements de Western Symphony dans cette rue principale où se noue l’action des grands classiques d’un genre cinématographique à son apogée au moment de la création du ballet (1954) et les grands classiques de la danse. Duel au Soleil rencontre ainsi Giselle dans l’Adagio où le cow-boy romantique aux faux airs de Gregory Peck, Sean Suazzi séduit la squaw (Britanny Pollack). Sara Mearns est une géniale meneuse de revue avec un sex appeal à la Marylin Monroe. Western Symphony, c’est aussi une formidable démonstration de danse masculine qui nous fait découvrir d’autres qualités que le partenariat chez les solistes du New York City Ballet.

Tarentella (Balanchine)

Avec ce court duo enjoué qui évoque August Bournonville chorégraphié sur une musique italienne composée par Louis Moreau Gottschalk, compositeur et pianiste originaire de la Nouvelle Orléans, Balanchine réalise à nouveau la synthèse entre ses origines européennes et sa curiosité pour la culture de son nouveau pays. C’est vif, spirituel, dansé avec une rapidité qui va crescendo par Erica Pereira et Gonzolo Garcia.

Tarentella - Erica Pereira et Gonzolo Garcia

Tarentella – Erica Pereira et Gonzolo Garcia

The Infernal Machine et Barber Violin Concerto (Peter Martins)

Les deux ballets de Peter Martins dénotent dans ce programme par leur caractère néo-classique très esthétisant à mille lieues des ballets pleins de vie et d’exubérance qu’ils côtoient.

The Infernal Machine sur une musique assez plombante de Christopher Rouse est un pas de deux où les attitudes et les portés des danseurs figurent une mécanique monstrueuse et qui évoquera à certains les grandes heures d’Isabelle et Paul Duchesney en danse sur glace. Cette pièce vaut surtout pour l’investissement de ses deux protagonistes, Ashley Laracey et Amar Ramasar.

The Infernal Machine - Ashley Laracey et Amar Ramasar

The Infernal Machine – Ashley Laracey et Amar Ramasar

Barber Violin Concerto est un ballet que je rangerais aux côtés de La Nuit s’Achève ou Together Alone de Benjamin Millepied, des créations néo-classiques « gentillettes » dont le propos frise le vide intersidéral et qui s’appuient sur la plastique et le talent des principals pour séduire les spectateurs. Un couple de danseurs classiques (Teresa Reichlen et Russell Janzen) et un couple de danseurs  contemporains (Megan Fairchild et Jared Angle) évoluent en parallèle. Les couples se défont et se recomposent pour un duo entre la ballerine et le danseur contemporain  puis un duo entre le prince de ballet et la danseuse contemporaine. C’est le premier duo qui retient l’attention par le contraste entre le feu incarné par Jared Angle, superbe partenaire, et la glace, Teresa Reichlen. Le deuxième duo est un peu plus mièvre, Megan Fairchild prenant trop l’ascendant sur son partenaire un peu fade, Russell Janzen.

West Side Story Suite (Jerome Robbins)

Le programme se conclut avec West Side Story Suite, sorte de medley des parties chorégraphiées par Jerome Robbins dans la célèbre comédie musicale. Je suis un peu déçue par cette pièce, car le matériel de base est quand même ouvertement narratif et ce principe de compilation ne permet pas vraiment de s’intéresser aux personnages, même si les ensembles sont superbement dansés.

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