Avec le deuxième volet de la tournée du Ballet National de Cuba à Paris, on est sur le papier dans la zone de confort des danseurs caribéens. En effet, Don Quichotte est le ballet feu d’artifice par excellence, d’autant plus que la version d’Alicia Alonso, contrairement à la version de Noureev bien connue des Parisiens, se soucie assez peu de raconter une histoire.
Place donc aux grands jetés, aux fouettés, aux pirouettes, aux cabrioles à la cubaine improbables ou aux portés à une main avec le danseur qui traverse toute la scène avec sa partenaire. Le premier acte est à cet égard un petit régal avec une qualité technique brute des garçons qui paraît surréelle. On passe donc aisément sur les décors simplistes, qui cassent un peu moins le rêve que dans Giselle, et sur la version enregistrée pas toujours reconnaissable de l’énergique partition de Minkus. Mention spéciale à Espada et ses toréadors ébouriffants de virtuosité dans le maniement de leur cape.
J’ai trouvé le deuxième acte un peu moins réussi. Les décors et les costumes plombent franchement la scène au royaume des Dryades et l’on ne comprend pas très bien comment Kitri et Basilio en fuite obtiennent finalement l’assentiment de Lorenzo (où est passée la pittoresque scène de la taverne?). Le troisième acte se résume au pas de deux virtuose réunissant Kitri et Basilio pour leur mariage : Annette Delgado y est souveraine, c’est sans conteste la star de la représentation, alors que son partenaire, Dani Hernández, trop prince charmant, manque un peu de la fougue attendue chez un Basilio.
Paradoxalement, c’est dans Giselle, ballet qui laisse une large part à la pantomime, que la troupe cubaine m’a le plus séduite. Ce Don Quichotte donne l’impression d’être une compilation de variations où les danseurs perdent parfois un peu le fil de leur personnage.
Mots Clés : Alicia Alonso,Annette Delgado,Ballet National de Cuba,Dani Hernández,Don Quichotte