Suite au changement de distribution de dernière minute de la première de Giselle, j’ai revu une deuxième fois le couple Amandine Albisson et Stéphane Bullion lundi soir. Dans un contexte plus simple pour eux puisqu’ils dansaient avec leur distribution initiale (même si ce n’est pas vital dans un ballet comme Giselle), une distribution séduisante avec la prise de rôle d’Hannah O’Neill en Myrtha et Audric Bezard en Hilarion.
Qu’est-ce qui fait qu’une représentation va plus marquer qu’une autre (sans parler de la représentation parfaite avec les meilleurs titulaires dans chaque rôle)? Il y d’abord l’état d’esprit personnel, la capacité à oublier sa journée quand les lumières s’éteignent dans la salle de spectacle. Et puis, il y a ces instants magiques où les danseurs nous font oublier la technique pour communiquer des émotions.
Lundi soir, le premier instant magique est survenu au début du 2ème acte avec l’entrée en scène d’Hannah O’Neill.
Jusque-là, j’avais surtout pu observer tous les petits détails qui m’avaient échappés dans l’interprétation du couple principal le samedi. La scène de la folie était notamment plus émouvante grâce l’apport dans le triangle amoureux d’Audric Bezard, Hilarion plus insistant et volontaire que celui de Vincent Chaillet, garde-chasse taiseux. La révélation amoureuse semble intervenir plus tôt pour Albrecht, au moment où Giselle se fait couronner reine de la fête.
Dans le pas de deux des paysans, Germain Louvet nous a offert des variations plus en finesse et en retenue que celles de François Alu. C’est un autre style et tant mieux que l’opéra puisse nous offrir cette variété. J’ai préféré le travail de Silvia Saint-Martin à celui de Charline Giezendanner, mais dans la première distribution comme dans la deuxième, les couples ne sont pas si bien assortis et les pas de deux ne sont pas irréprochables.
Bémol sur l’orchestre des Lauréats du Conservatoire dirigé par Koen Kessels, dont on avait l’impression qu’il ralentissait les évolutions de la joyeuse assemblée villageoise où l’on repère Charline Giezendanner, Eléonore Guérineau ou Héloïse Bourdon.
Et puis, c’est le deuxième acte et Hannah O’Neill apparaît dans le brouillard du cimetière, créature surnaturelle régnant sur le royaume des Wilis. La récente lauréate des Benois de la Danse a tout pour figurer au firmament de la danse internationale. Non contente de faire une démonstration technique éblouissante avec une rapidité d’exécution sidérante, semblant léviter sur scène par instant, elle a un charisme inné qui captive le spectateur. Pendant un petit quart d’heure, elle règne sans partage sur le plateau. Il faut croire qu’après cette prestation, Amandine Albisson a eu à cœur de se surpasser : sa Wili en cours de métamorphose est encore un peu de ce monde et elle a su exprimer des émotions comme jamais, notamment dans les pas de deux où l’osmose avec Stéphane Bullion était palpable, ce qui nous a apporté nos instants magiques n°2 et n°3.
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