George Balanchine est à l’honneur du 24 septembre au 18 octobre à l’Opéra Garnier au travers d’une soirée qui permet de retracer le parcours du danseur transfuge de l’URSS formé à Saint-Pétersbourg devenu l’un des plus grands chorégraphes américains et le maître du New York City Ballet.

Coup de projecteur sur le ballet qui clôt le programme et le premier dans la chronologie, le Fils Prodigue.

Dans l’histoire de la danse

Il s’agit du dernier Ballet Russe. Serge Diaghilev, qui a confié ce ballet au jeune Balanchine (25 ans), meurt à Venise quelques mois après la première représentation qui a lieu en mai 1929.

La thématique du ballet, qui s’appuie sur la parabole biblique, trouve curieusement des résonnances dans la trajectoire personnelle de ses créateurs, marqués par l’exil de leur patrie, la Russie. Ce ballet marque ainsi pour Balanchine le début d’une errance à travers l’Europe avant le départ vers les Etats-Unis qui vont devenir sa deuxième patrie. Pour Prokofiev, la composition de la partition correspond à un moment où il ressent le mal du pays, l’accueil triomphal reçu lors d’une tournée en URSS où il est fêté en héros national va le décider à rentrer à Moscou au début des années 30.

Le Fils Prodigue est repris seulement 20 ans plus tard par le New York City Ballet. Il entre au répertoire de l’Opéra de Paris en 1973. Cinq ans plus tard, Balanchine révise la chorégraphie à l’occasion d’un film avec Baryshnikov.

Le sujet

Le sujet est la parabole de l’Evangile Selon Saint Luc 15:11-32, appelée également parabole du Fils Perdu ou de l’Enfant Prodigue. Cette parabole a donné lieu de nombreuses œuvres artistiques (peintures, vitraux, sculpture, opéra, films). Si la parabole ne raconte pas comment le fils dilapide son bien, les artistes, dès le Moyen Age, vont introduire et développer avec une grande liberté des scènes de genre pour compléter les blancs du récit initial.

Boris Kochno, secrétaire des Ballets Russes et auteur du livret, s’inspire des icônes russes et d’une nouvelle de Pouchkine, « Le Maître de Poste »:

Puis il se mit à transcrire ma feuille de route tandis que j’examinais les images dont sa demeure humble mais propre était ornée. Ces images représentaient l’histoire de l’Enfant prodigue : sur la première, un vénérable vieillard en robe de chambre et coiffé d’un bonnet de nuit laisse partir un adolescent inquiet à qui il donne une bourse et sa bénédiction hâtive. L’autre, en des traits éloquents, montrait le jeune débauché attablé en compagnie de faux amis et de femmes impudiques. Plus loin, l’adolescent ruiné, en haillons et coiffé d’un tricorne, garde les pourceaux et partage leur pitance ; son visage exprime la tristesse et le repentir. Enfin l’on nous montrait le retour du fils vers le père ; le bon vieillard, coiffé du même bonnet et vêtu de la même robe de chambre, accourt à la rencontre de l’enfant prodigue qui s’est mis à genoux ; à l’arrière-plan un cuisinier égorge un veau gras, et le fils aîné questionne les serviteurs sur les raisons d’une telle joie. Au-dessous de chaque image on pouvait lire des vers allemands appropriés.

Le ballet reprend le découpage classique de la plupart des interprétations de la parabole, tout en supprimant un personnage essentiel, celui du fils aîné obéissant. Trois tableaux se succèdent:

  1. Le départ
  2. La débauche: le jeune homme fait la connaissance d’une courtisane arachnéenne à la tête d’une inquiétante bande, qui va le dépouiller.
  3. Le retour: le jeune homme humilié, blessé, tabassé n’a plus la force de marcher et se traîne à genous jusqu’à la maison de son père qui pardonne tendrement à son fils.

 

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