Point d’orgue de la semaine consacrée à l’Ecole de Danse, la soirée du 7 avril réunissait 7 écoles de compagnies internationales aux côtés des «petits rats» de l’Opéra pour une soirée de gala roborative avec quelques pépites mais aussi des longueurs plus dues aux choix des chorégraphies qu’aux jeunes artistes qui avaient à cœur de briller sur la scène prestigieuse de l’Opéra Garnier.
La première partie a été dominée par le pas de deux des élèves de la Royal Ballet School sur le Concerto pour Piano n°2 de Chostakovitch chorégraphié par Kenneth Mc Millan : une ballerine magnifique soutenue par un danseur athlétique pour dix minutes de magie. La qualité du partenariat et la maturité de l’interprétation sont un peu cruelles pour le 3ème acte de Raymonda qui démarrait la soirée, et soulignent les progrès restant à accomplir pour les élèves de notre opéra national.
A Spell on You, chorégraphié pour la John Cranko Schule de Stuttgart sur Nina Simone, et Panorama, une création pour la San Francisco Ballet School qui lorgne furieusement sur Benjamin Millepied et Justin Peck, ne sont que de nièmes avatars de pièces néo-classiques, un peu trop standardisées à mon goût. Bach Suite 2 interprété par les élèves du Ballet de Hambourg portait au moins la patte du chorégraphe attitré et maître de la maison hanséatique, John Neumeier. Ces trois pièces mettent à l’honneur portés et hyperextensions, avec toutefois davantage de poésie et de musicalité pour John Neumeier.
J’ai davantage apprécié la 2ème partie plus variée en termes de styles représentés. Un gala sans Pas de Deux du Cygne Noir ne serait pas un gala digne de ce nom, et quand ce sont les élèves de la légendaire Académie Vaganova, coachés par le flamboyant et controversé Nikolaï Tsiskaridzé, qui sont sur scène, il y a forcément un frisson d’excitation dans le public. Eleonora Sevenard (arrière-petite-fille de la prima ballerina assoluta Mathilde Kschessinska) et Egor Gerashchenko sont superbes techniquement individuellement, au niveau de très bons solistes de compagnies prestigieuses. Il leur manque encore un peu de cette capacité à faire vibrer le public avec des émotions qui font les étoiles, mais ils se taillent un beau succès avec leur virtuosité.
Les jeunes du Ballet National du Canada ont le bon programme pour passer après les prodiges russes. Chalkboard Memories est une pièce néo-classique pour trois danseurs avec un joli pas de deux sur des extraits de Porgy and Bess interprétés par Nina Simone. Plaisant et efficace.
L’Ecole du Ballet Royal du Danemark fait quant à elle honneur au style Bournonville avec un pas de 4 mettant aux prises 3 ballerines avec le cordonnier Abdallah, qui donne son titre au ballet dont le passage est extrait: peut-être le plus beau moment de danse de la soirée sur le plan de la joie de danser avec un festival de petite batterie d’une rare intensité.
C’était sans compter sur The Vertiginous Thrill of Exactitude, toujours aussi jubilatoire, qui permet à l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris de montrer une facette plus convaincante que l’image scolaire renvoyée par Raymonda au début de la soirée et d’affirmer son excellence.
Le Défilé des Ecoles sur la Marche d’Athalie de Mendelssohn, réglé par Claude Bessy, vient clore la soirée sur une note festive.
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