Initiative née après la pandémie, Francendanses réunit désormais chaque année sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées la fine fleur des compagnies de danse françaises pour un programme mixte qui met en valeur leur répertoire récent. Cette année, la programmation était courte, seulement 1h10 de danse sans entracte, mais particulièrement consistante.

Giselle – Martin Chaix – Opéra National du Rhin

L’Opéra National du Rhin était représenté par Di He et Rubén Julliard pour deux pas de deux néo-classiques (sur pointes pour la danseuse) : un extrait du deuxième acte de la Giselle revisitée par Martin Chaix pour la compagnie en 2023 et une courte pièce de David Dawson, On the Nature of Daylight. C’était très bien dansé, mais sorti de son contexte, une version #MeToo de Giselle, le premier pas de deux reste relativement anecdotique, tandis que l’exploration du sentiment amoureux imaginée par David Dawson sur une composition de Max Richter fait partie des chorégraphies aussi vite vues qu’oubliées.

Gravité – Ballet Preljocaj

Le Ballet Preljocaj présentait un extrait de Gravité, une œuvre résolument abstraite pour Angelin Preljocaj, dans la lignée d’un William Forsythe pour la façon dont il explore la notion de gravité au travers du corps de ses danseurs. Le duo initial avec les deux femmes qui font des moulinets avec les mains est particulièrement percutant et inhabituel pour lui. Le quatuor qui suit est plus attendu, avec ses pas de deux où l’on retrouve quelques gimmicks du chorégraphe.

Softly, as I leave you – Opéra National de Bordeaux

La pépite de cette soirée est le duo magnétique du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux sur une pièce du couple Sol León et Paul Lightfoot, Softly as I Leave You. C’est incroyable la façon dont en s’appuyant sur une scénographie toute simple qui se déploie à l’intérieur et à l’extérieur d’un parallélépipède posé sur le plateau, les danseurs Hélène Bernadou et Kylian Tilagone parviennent à nous faire ressentir la complexité des rapports homme-femme. Un petit tour de force chorégraphique à la Jirí Kylián dont Sol León et Paul Lightfoot sont des émules.

Who cares – ONP

En conclusion de la soirée, l’Opéra de Paris se taillait la part du lion avec le deuxième tableau de Who Cares ? de Balanchine qui figurait dans son intégralité au programme de la saison dernière à l’Opéra. La skyline des buildings new-yorkais et les compositions de Gershwin sont totalement à leur place dans le cadre du Théâtre des Champs-Elysées. La deuxième partie de Who Cares ? est centrée sur un soliste (Mathieu Ganio), cœur d’artichaut hésitant entre trois séduisantes incarnations de la ballerine selon Balanchine (Dorothée Gilbert, Hannah O’Neill et Valentine Colasante). Dorothée Gilbert était rayonnante et en la voyant ce soir aux côtés de Mathieu Ganio, on ne peut que regretter de ne pas les voir associés plus souvent. Le romantisme, le côté rêveur de Mathieu Ganio subliment la passion qui émane de la prima ballerina. Mathieu Ganio que l’on voit trop peu sur les scènes parisiennes nous a également rappelé combien il était essentiel à un an de sa retraite de ne pas manquer une miette de ses apparitions.

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