Chaque année, au printemps, on retrouve avec plaisir l’Ecole de Danse de l’Opéra et son spectacle, dont le programme concocté par Elisabeth Platel réussit, sur le raccourci d’une soirée, le dosage entre répertoires classique et plus contemporain dont la direction de la compagnie des « grands » semble avoir perdu la recette pour ses saisons.

Cette année, la première partie du spectacle reprenait deux pièces données assez récemment.

D’ores et déjà

D’Ores et Déjà a été créé en 2013 pour l’Ecole de Danse à l’occasion des célébrations de son tricentenaire par la spécialiste du baroque, Béatrice Massin, et l’un des danseurs-chorégraphes de l’Opéra, Nicolas Paul. Cette pièce, déjà reprise lors du spectacle 2015, fait désormais figure de classique de l’Ecole de Danse. Conçue pour 17 élèves garçons issus des différentes classes de l’Ecole, D’Ores et Déjà nous invite, sur les Indes Galantes de Rameau, à un voyage dans l’histoire du ballet, en revenant à ses origines et la codification des pas et des positions sous le règne de Louis XIV, puis en déconstruisant peu à peu cette base pour introduire des éléments de danse contemporaine. L’unique décor constitué d’un cadre doré est ainsi à la fois une sorte de portail temporel et la métaphore d’un socle académique, qui a traversé les générations et qui fait partie de l’ADN de la compagnie dans tous les registres qu’elle aborde. Voici une œuvre belle et intelligente, peut-être trop, comme c’est souvent le cas avec Nicolas Paul, et le temps paraît parfois un peu long, d’autant plus que les jeunes artistes ne m’ont pas semblé habiter l’œuvre avec la même conviction que la génération précédente qui avait fait la création.

Conservatoire

Avec Conservatoire, on reste dans une variation autour du thème de la danse académique. Cet extrait du petit ballet d’Auguste Bournonville, créé à Copenhague en 1849, chronique romancée de ses années d’apprentissage à Paris, nous plonge en pleine classe de danse. Magie des décors et des costumes inspirés à Maurice Le Nestour par Edgar Degas, beauté du travail du bas de jambe propre au style Bournonville, cette pièce est le petit bijou de la soirée  qui permet de mettre en valeur toutes les divisions de l’Ecole, des plus jeunes au déjà presque pros.

Les Deux Pigeons

Après l’entracte, place à une pièce plus à même de mettre en évidence les qualités des solistes en herbe, un ballet narratif typique du répertoire français, les Deux Pigeons. Créé en 1886 sur une chorégraphie de Louis Mérante et une musique d’André Messager, revu en 1925 par Albert Aveline, les Deux Pigeons n’est désormais plus dansé que par l’Ecole de Danse. Pourtant, ce ballet de poche charmant, à l’intrigue très mince, qui joue sur la fascination et le pittoresque associés aux tziganes, est truffé de difficultés techniques et pourrait donner du fil à retordre aux solistes les plus aguerris. Gourouli, l’héroïne, est une petite villageoise, qui, pour ramener son amoureux volage, Pépio, parti avec les bohémiens, pour les beaux yeux d’une danseuse gitane, va infiltrer le camp des gens du voyage. Elle pourrait bien séduire le Chef des Gitans, mais, la morale est sauve, elle retrouve Pépio, qui, ayant perdu tout son argent au jeu, revient à la raison.

Ines McIntosh et Benjamin Meslier

Inès McIntosh qui interprétait Gourouli a de faux airs d’Eléonore Guérineau. Elle n’a pas franchement été aidée par ses partenaires masculins qui lui ont fait quelques misères. Chapeau à elle d’avoir su garder son sang-froid. Apolline Anquetil qui dansait la Gitane n’est déjà plus une « élève ». Les deux solistes masculins (Benjamin Meslier et Grégoire Duchevet) ont le physique type de l’Opéra, avec un rôle du Chef des Gitans qui met forcément plus en valeur la personnalité de Benjamin Meslier. Les danses de caractère nombreuses et particulièrement bien réglées contribuent à terminer la soirée sur une note festive et joyeuse.

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