Il y a à peine un mois je découvrais le programme sous influence du Nederlands Dans Theater (NDT) de l’Opéra de Paris. La venue de la compagnie junior, le NDT2, sur la scène de Chaillot permet une comparaison intéressante et confirme ce dont on se doutait un peu, le ballet de l’Opéra de Paris et ses étoiles n’apportent pas forcément de plus-value à ce répertoire. Au programme de la mini-tournée du NDT2, on retrouve Alexander Ekman, le Suédois qui a créé Play pour l’Opéra de Paris, Marco Goecke, décidément incontournable à Paris cette saison et enfin le duo qui préside à la destinée artistique du NDT, Sol León et Paul Lightfoot.

Alexander Ekman – FIT

Avec FIT, Alexander Ekman imagine une pièce ludique qui n’est pas sans rappeler Play, dans un format plus resserré et avec des moyens plus modestes. Les 18 danseurs évoluent dans une scénographie minimaliste : une malle à accessoires accrochée aux cintres qui diffuse de la vapeur, une ampoule fixée au bout d’une perche, quelques projecteurs, un rocher. Cette fantaisie avec un penchant pour l’absurde nous interroge sur la normalité, en introduisant dans le spectacle des éléments qui ne semblent pas à leur place, qui ne sont pas « fit ». Un homme peut-il porter un tutu avec des rangers noires et des Ray Ban ? Une poubelle peut-elle être un accessoire d’un spectacle de ballet ? Peut-on inventer une chorégraphie « musicale » sur des bruits d’animaux ? Oui, même si ce que fonctionne le plus dans les 30 minutes c’est l’ensemble somme toute assez classique sur le Take Five du Dave Brubeck Quartet.

Marco Goecke – Wir sagen uns Dunkles

Marco Goecke a un langage chorégraphique que je trouve assez fascinant, magnifiant le haut du corps et les bras des danseurs, un langage qu’il ne parvient pas forcément à mettre en valeur par la scénographie, les costumes et les lumières. Comme le Dogs Sleep créé pour l’Opéra de Paris, Wir sagen uns Dunkles (littéralement nous nous disons quelque chose de sombre) se déroule dans une demi-pénombre, assez pénible pour le spectateur. On a un peu l’impression que l’artiste a chorégraphié ce qui lui passait par la tête en écoutant une playlist éclectique réunissant Franz Schubert, le rock alternatif de Placebo et la musique moderne d’Alfred Schnittke. Il y a des fulgurances dans cette pièce, notamment les passages chorégraphiés sur les morceaux du groupe Placebo. La curiosité suscitée par le style Goecke n’empêche néanmoins pas un sentiment de vacuité.


Sol León et Paul Lightfoot – Signing Off

Après deux chorégraphes adeptes d’une danse « dégenrée » (leurs pièces n’exploitent quasiment pas l’altérité femme – homme), avec Signing Off, on retrouve l’esthétisme nimbé de sensualité du travail du couple formé par Sol León et Paul Lightfoot. Philip Glass sous influence de Bach pour l’accompagnement musical, un jeu de rideaux de scène pour créer des sortes de fondus enchaînés sur les séquences chorégraphiées, des pas de deux tout en fluidité : les 18 minutes passent très vite, mais, cette fois, c’est le côté trop léché de l’ensemble, comme une recette appliquée à la lettre, qui laisse de marbre.

Au final, il est indéniable que ces 4 chorégraphes phares du NDT créent des pièces plutôt efficaces et belles à regarder mais on a parfois l’impression qu’une fois qu’on en a vu une, on les a toutes vues, et il manque à ses chorégraphies la profondeur que l’on trouve dans le travail des maîtres qui les inspirent, Pina Bausch, William Forsythe, Jirí Kylián ou Mats Ek.

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