Pour inaugurer leur tournée estivale à Paris, le Ballet de l’Opéra de Vienne nous proposait un Gala Noureev. Cela a été l’occasion d’avoir une vue d’ensemble de la compagnie dirigée par Manuel Legris depuis 2010.

La soirée était très généreuse, presque 2h30 de danse alternant des pièces néo-classiques voire contemporaines et des extraits du grand répertoire classique, un menu hautement technique inspiré par les grands rôles de Noureev danseur, son lien avec la compagnie viennoise et son influence sur la carrière de Manuel Legris.

Ce gala avait sans doute le tort de venir après le Gala Noureev & Friends, son casting « all stars » et son orchestre live. Pour cette soirée, c’était musique enregistrée et là où on se serait attendu à une démonstration de la cohésion de la troupe, ce sont les individualités qui se sont démarquées. La compagnie viennoise n’est pas un clone du ballet de l’Opéra de Paris: c’est un melting pot de nationalités et l’on est frappé par les morphotypes très variés des solistes masculins notamment, cela va du petit gabarit musculeux au colosse qui ne déparerait pas sur un plot de natation.

J’ai ressenti une certaine fébrilité chez les danseurs, pourtant mis en confiance par des applaudissements chaleureux, des difficultés à libérer complètement leur danse, et rares ont été les passages desquels émanait une véritable émotion.

Olga Elsina, lumineuse, et Vladimir Shishov y parviennent dans l’extrait de la Chauve-Souris de Roland Petit.

Nina Poláková et Mihail Sosnovschi exécutent un pas de deux du Rubis de Balanchine avec un raffinement exquis.

Dans le mouvement central de Bach Suite III de Neumeier, c’est à nouveau Olga Elsina qui attire tous les regards avec son partenaire Kirill Kourlaev, dont la légèreté des sauts et les réceptions silencieuses, en dépit d’un gabarit imposant, sont étonnantes.

Parmi les solistes du Before Nightfall de Nils Christe (un peu long à mon goût), on apprécie Eno Peci et Ketevan Papeva, Roman Lazik et Mihail Sosnovschi.

Quant au Vertiginous Thrill of Exactitude de William Forsythe, on ne peut pas dire que nous l’ayons ressenti ici, mais le jeune Davide Dato s’annonce un Basilio prometteur.

Enfin ne passons pas sous silence, les prestations des petites bombes techniques, Maria Yakovleva et Denys Cherevychko dans le pas de deux du Corsaire. Entre ses fouettés à elle et surtout des cabrioles et pirouettes improbables pour lui, ils ont enflammé la salle. Après leur pige pour l’Opéra de Paris cet hiver dans Don Quichotte, c’est bien eux le couple vedette de la série à venir la semaine prochaine.

C’est en tout cas un beau retour à Paris pour Manuel Legris : la troupe est saluée par une standing ovation et l’on sent que, notamment pour les plus jeunes, il a réussi à leur insuffler un peu de son style et de sa manière, de la même façon qu’un certain Rudolf Noureev l’avait fait pour lui.

A noter le beau fascicule à 12 euros qui présente bien la compagnie et les programmes proposés pour ce mois de juillet.

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