Première apparition de George Balanchine dans une saison qui lui fait la part belle avec pas moins de 3 programmes consacrés au chorégraphe majeur du XXème siècle, la soirée Balanchine qui démarrera à Garnier fin octobre réunira trois pièces abstraites sous le signe de la musicalité et du raffinement de la technique classique virtuose. Aux côtés du romantique Brahms-Schoenberg Quartet découvert cet été pour la clôture de la saison et du minimaliste Violin Concerto de Stravinsky, figure une entrée au répertoire Mozartiana, objet de la séance de travail publique du samedi 08 octobre.

Clotilde Vayer a introduit les protagonistes de la séance avant de s’éclipser : la maîtresse de ballet du Balanchine Trust et ancienne étoile du New York City Ballet, Maria Calegari, qui est en charge des répétitions de la soirée avec son mari Bart Cook, Béatrice Martel qui va jouer les interprètes car Maria Calegari comprend le français mais ne le parle pas, les deux danseurs, Sae Eun Park et Fabien Revillion qui seront accompagnés au piano par Ryoko Hisayama.

Maria Calegari avec Béatrice Martel et Fabien Revillion

Maria Calegari avec Béatrice Martel et Fabien Revillion

Maria Calegari va animer la séance avec beaucoup de talent, alternant habilement les séquences pendant une petite heure, pédagogie sur l’histoire du ballet qu’elle repositionne dans la chronologie de l’œuvre de Balanchine, répétitions et corrections avec les danseurs et questions-réponses avec le public. Elle et son mari, Bart Cook, voyagent à travers le monde pour transmettre l’œuvre de Balanchine et s’assurer que les danseurs restituent bien les nuances subtiles du style Balanchine. Elle semble très satisfaite de la collaboration avec les danseurs parisiens.

Sur un air de menuet

Sur un air de menuet

Balanchine a chorégraphié trois versions de Mozartiana sur la Suite n°4 de Tchaïkovski, une partition hommage à Mozart et à Gluck. Cette version, la version finale, date de 1981 et a été créée à l’occasion d’un festival Tchaïkovski du New York City Ballet. Ce sera aussi la dernière œuvre du chorégraphe qui décédera en 1983, ce qui lui confère un petit côté testamentaire avec ses magnifiques costumes noirs, le thème initial de la prière sur l’arrangement de l’Ave Verum de Mozart, une nostalgie sous-jacente contrebalancée par l’allégresse du final.

Le ballet est découpé en 3 parties : la prière où la soliste danse avec quatre petites danseuses de l’Ecole puis quatre danseuses du corps de ballet, la gigue dansée par un deuxième soliste homme où le style Balanchine se mixe avec un hommage au Roi Soleil et enfin des thèmes et variations de difficulté croissante où la soliste et le premier soliste homme se succèdent en alternance sur 4 solos pour elle et 3 solos pour lui, avant de se retrouver pour un long pas de deux final.

Sae Eun Park et Fabien Revillion

Sae Eun Park et Fabien Revillion

On a plaisir à voir pour cette répétition Sae Eun Park et Fabien Revillion qui sont remplaçants du couple principal sur la série, Fabien Revillion étant par ailleurs titulaire sur la gigue. Ce sont un peu les bons élèves de la classe, avec une mention très bien pour la technique, voire un prix d’excellence pour Sae Eun Park, ils ont été sollicités par Benjamin Millepied mais on ne peut pas dire qu’ils aient été les fers de lance de sa relève. Ils ont en tout cas l’étoffe pour accéder au grade de première et premier danseurs.

Sae Eun Park livre une prière particulièrement inspirée. C’est bien simple, on en oublie que l’on est à l’Amphithéâtre Bastille pour une séance de travail. Maria Calegari est elle aussi sous le charme, elle admire notamment le travail splendide sur le port de bras. Elle apporte quelques corrections pour la forme, notamment sur le positionnement sur scène par rapport aux mouvements du corps de ballet, comme si Sae Eun Park dansait le soir même.

C’est au tour de Fabien Revillion de danser pour la première fois devant un public la gigue, une chorégraphie dont il avoue apprécier le second degré par comparaison avec le côté très majestueux et « show à l’américaine » d’autres ballets de Balanchine qu’il a pu danser comme le Palais de Cristal. Là encore, peu de corrections de la part de Maria Calegari, qui se remémore la création du ballet, et comme elle aimait regarder le couple sur lequel il a été créé, Suzanne Farrell, la muse de Balanchine, et Ib Andersen.

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Après un changement express de tenue pour Fabien Revillion qui prend la casquette du premier soliste, les deux danseurs vont nous montrer des extraits de la dernière partie, une dernière partie que, en tant que remplaçants, ils n’ont répétée qu’en fond de studio. C’est donc leur première occasion de bénéficier d’un coaching personnalisé. L’entrée du couple sur scène évoque un menuet : Maria Calegari n’hésite pas à prendre la place de la danseuse pour montrer le positionnement correct. Sur l’adage final, les danseurs offrent déjà un beau travail, semblent en confiance l’un avec l’autre et prennent pas mal de risques. Ils semblent donner à Maria Calegari des idées à suggérer aux autres couples.

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La soirée Balanchine est programmée du 22 octobre au 10 novembre à l’Opéra Garnier, avec en bonus sur les représentations d’octobre la reprise de Sonatine comme un hommage à Violette Verdy, une des ballerines « balanchiniennes » emblématiques et directrice de la danse à l’Opéra à la fin des années 70, disparue en début d’année.

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