Petit cadeau de fin de saison de l’Opéra aux spectateurs avertis, une répétition publique du dernier spectacle de l’année s’est ajoutée à la programmation de l’amphithéâtre Bastille. Peut-être l’occasion aussi de booster la billetterie d’une soirée Balanchine – Peck positionnée à Bastille lors de la première quinzaine de juillet, en pleine Euro de foot et en concurrence directe avec les Etés de la Danse au Châtelet qui ont invité le New York City Ballet, la compagnie dépositaire du style Balanchine, dont les affiches s’exhibent en grand format dans le métro, avec des visuels bien plus percutants que les photos arty retenues par l’Opéra pour sa communication.

La répétition du 11 juin était consacrée à l’entrée au répertoire de l’Opéra d’une nouvelle œuvre de Balanchine après Duo Concertant, un ballet en 4 mouvements d’inspiration romantique chorégraphié en 1966 sur le Quatuor pour piano et cordes nº 1 en sol mineur de Brahms, réorchestré par Arnold Schoenberg auquel l’Opéra rend hommage cette saison. Cette pièce sera reprise à l’automne prochain pour une soirée entièrement dédiée à Balanchine.

Sébastien Marcovici, Séverine Westermann, Yann Chailloux et Valentine Colasante

Sébastien Marcovici, Séverine Westermann, Yann Chailloux et Valentine Colasante

La séance réunissait Valentine Colasante, Yann Chailloux et Séverine Westermann, accompagnés au piano par Michel Dietlin, et était dirigée par Sébastien Marcovici, maître de ballet arrivé dans les valises de Benjamin Millepied et ex-étoile du New York City Ballet, particulièrement familier de ce répertoire. Nul doute que l’an dernier cette séance aurait été dirigée par Benjamin Millepied en personne. On ne regrettera pas que les circonstances actuelles nous aient permis de faire connaissance avec celui qui a été charge d’une grande partie des productions de la saison écoulée. Sébastien Marcovici a l’attitude cool qui sied à l’Américain d’adoption, il communique ses idées de façon directe, ses petites explications sur le style balanchinien étaient imagées, accessibles pour les spectateurs et il semblait y avoir un excellent « feeling » entre les danseurs et lui.

Nous avons eu un large aperçu du premier mouvement, un mouvement pour 4 danseurs et 8 danseuses du corps de ballet, une soliste qui sera interprétée par Séverine Westermann et 1 couple de solistes interprétés par Valentine Colasante et Yann Chailloux. Les jeunes femmes ont revêtu des tutus longs, comme pour les futurs costumes de scène confiés à Karl Lagerfeld. Sébastien Marcovici souligne que c’est la première fois qu’ils répètent tous ensemble.

Séverine Westermann

Séverine Westermann

Le rôle de la soliste a été chorégraphié par Balanchine pour une danseuse très grande, qui sautait très haut (la soliste du New York City Ballet, Gloria Govrin). Sébastien Marcovici insiste sur la sensation de liberté qui doit émaner de la danse de Séverine Westermann, sur la légèreté et le raffinement de la ballerine classique qui doivent s’allier à la puissance, sur l’importance des mains (« chaque doigt doit avoir son propre espace », « plus de bras ») et sur la musicalité (« toujours important d’arriver sur le début du compte pour rester un peu plus longtemps en équilibre et avoir le temps de partir après »). Il lui indique de « baisser la tête car après on peut la monter plus haut et cela agrandit tous les mouvements ».

Valentine Colasante et Yann Chailloux sous les yeux de Séverine Westermann

Valentine Colasante et Yann Chailloux sous les yeux de Séverine Westermann

Petit cours de pas de deux pour Yann Chailloux. Sébastien Marcovici a beaucoup dansé ce mouvement et fait profiter le danseur des petits trucs qui vont lui permettre de mettre en valeur sa danseuse, notamment l’art de la conduire d’une seule main lors d’une promenade en penché arabesque. C’est magique, lorsque le répétiteur joint l’exemple à la parole, comme tout est immédiatement bien en place avec Valentine Colasante, qui en plaisante d’ailleurs avec Yann Chailloux. « Si elle est belle, tu es beau. Si elle est tordue, on va dire qu’elle a un mauvais partenaire », lance Sébastien Marcovici.

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Il est toujours amusant de voir dans cette phase initiale de répétition le travail de mémorisation des danseurs, les échanges nombreux avec le chef de chant. Merci aux artistes d’accepter de s’exposer à ce moment où tout n’est pas encore parfait.

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Le Brahms – Schoenberg Quartet sera à découvrir du 02 au 15 juillet 2016 à l’Opéra Bastille aux côtés d’une création de Justin Peck sur le Concerto pour deux pianos et orchestre en ré mineur de Francis Poulenc, puis dans le cadre plus approprié de l’Opéra Garnier du 22 octobre au 10 novembre 2016 pour une soirée Balanchine. Distribution multi-étoilée en perspective.

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