C’est un sentiment tout personnel, mais j’ai l’impression que la saison de danse ne débute réellement que quand se profile le premier grand ballet de l’année, généralement programmé pour les fêtes de fin d’année. Cette année, ce sera donc la Bayadère qui occupera la scène de l’Opéra Bastille pour 23 représentations: cette reconstruction du ballet de Petipa qui est en quelque sorte le testament de Noureev à l’Opéra de Paris fascine le spectateur autant pour l’opulence de son Inde fantasmée que pour la simplicité et la poésie de son dernier acte au Royaumes des Ombres.

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La rencontre du 24 octobre à l’amphithéâtre Bastille dirigée par Florence Clerc et accompagnée au piano par Kathy Ernould intervient très tôt dans le cycle de préparation. Le couple de l’après-midi, Myriam Ould-Braham et François Alu, a seulement deux répétitions derrière lui. C’est une prise de rôle pour le premier danseur et Myriam Ould-Braham a déjà interprété Nikiya à l’occasion de la dernière reprise en 2012.

L’heure de travail va porter sur le troisième acte à partir de l’apparition de Nikiya dans la rêverie opiacée de Solor, en proie aux plus cruels remords depuis que son indécision a indirectement causé la mort de sa bien-aimée, un empoisonnement orchestrée par sa fiancée, la princesse Gamzatti. Florence Clerc demande aux danseurs de marquer les sauts: en effet, le plancher de l’amphithéâtre est très dur, et s’ils sautent, ils le paient ensuite pendant une semaine.

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Florence Clerc est très pédagogue avec les danseurs, plutôt stricte dans ses échanges avec eux, tout en restant bienveillante. Myriam Ould-Braham et François Alu l’écoutent avec concentration voire avec déférence. On apprécie que Florence Clerc laisse les danseurs dérouler la séquence complète, avant de procéder à des corrections minutieuses: elle nous permet ainsi d’entrer déjà un peu dans l’histoire qu’elle a sommairement campée en introduction. En effet, les deux danseurs apparaissent déjà bien dans leurs personnages et leur duo où la force athlétique de François Alu contraste avec la fragilité apparente de Myriam Ould-Braham est très prometteur. François Alu est Solor, le valeureux guerrier que la conscience de sa trahison ramène à l’humilité face à Myriam Ould-Braham, Nikiya qui est devenue une sorte de divinité, incarnation de la sérénité, de la sagesse et de l’amour absolu. Florence Clerc insiste sur leur positionnement l’un par l’autre, sur l’impression de légèreté presque irréelle que doit suggérer Myriam Ould-Braham et notamment sur la souplesse au niveau des bras pour la ballerine.

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On enchaîne avec une deuxième séquence qui correspond à l’arrivée de Solor dans le Royaume des Ombres où l’a guidé Nikiya. C’est quasiment la première répétition des danseurs sur ce passage, ce qui donne lieu à des trous de mémoire et à quelques échanges amusants sur la chorégraphie. Florence Clerc reprend Myriam Ould-Braham sur sa tendance à devenir raide du haut du corps dès que la musique forcit: “tu dois être rapide, mais pas sèche, c’est comme si tu as un appel d’air en haut, c’est suspendu”. Elle insiste sur la souplesse dans les mains, le positionnement des bras. Les portés, bien que perfectionnables, passent sans frayeur: la ballerine semble en confiance avec son partenaire. C’est de bon augure pour leur première le 10 décembre, avec peut-être une nomination à la clé pour François Alu. Ils sont très chaleureusement applaudis et une petite mention spéciale est à décerner à François Alu pour ses bises craquantes à sa partenaire, à Florence Clerc et Kathy Ernould.

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Ici, Aurélie Dupont et Josua Hoffalt dansent ces mêmes passages lors de la captation cinématographique de 2012:

 

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