En tant que spectatrice de ballets, j’aime bien me replonger avant ou après le spectacle dans les œuvres littéraires qui ont inspiré le chorégraphe. Cela tombe bien, la plupart de ces œuvres sont libres de droit.

On démarre la série avec deux de mes ballets favoris, la Dame aux Camélias et Onéguine.

La Dame aux Camélias

C’est bien la fidélité à la trame du roman de Dumas fils qui caractérise l’adaptation chorégraphique de John Neumeier : une petite relecture permet de profiter pleinement du spectacle. Le ballet comme le roman est un long flashback et débute par la vente aux enchères du mobilier de Marguerite, une scène d’exposition qui permet de rencontrer les différents personnages qui ont peuplé l’univers de la courtisane. Le chorégraphe pousse le mimétisme avec le travail du romancier jusqu’à inclure une représentation d’un ballet inspiré par Manon Lescaut, le roman de Dumas fils faisant aussi référence au livre de l’abbé Prévost.

Lien vers le roman au format epub sur la Bibliothèque Electronique du Québec.

Je conseille également de découvrir le téléfilm en deux parties réalisé par le grand cinéaste italien Mauro Bolognini avec Isabelle Huppert retraçant le destin de la vraie Marguerite Gauthier, Marie Duplessis.

Le ballet est à revoir dans la très belle captation (avec un vrai parti de mise en scène) réunissant Agnès Letestu et Stéphane Bullion.

Onéguine

Laura Hecquet et Stéphane Bullion sous le choc

John Cranko a chorégraphié le ballet-roman parfait en adaptant le roman en vers de Pouchkine, Eugène Onéguine. Mise en scène avec une reconstitution minutieuse que n’aurait pas reniée le Luchino Visconti du Guépard ou de Senso,  narration linéaire avec un puissant souffle dramatique, un pot-pourri de Tchaïkovski en guise de bande originale, des pointes et des portés spectaculaires : il n’y a rien de bien révolutionnaire dans la recette de John Cranko, mais tous les ingrédients sont bien dosés et en 1h30 seulement (et trois actes), on est complètement transporté dans la Russie du dix-neuvième siècle (ou tout du moins dans une vision anglo-saxonne de cette Russie).

En se replongeant dans le roman disponible dans la Bibliothèque Slave et Russe, on apprécie mieux le travail d’acteur des danseurs, travail essentiel sur ce ballet.

En complément de programme, Martha Fiennes a signé en 1999 une adaptation classique portée par l’interprétation fiévreuse de son frère Ralf dans le rôle-titre, une interprétation qui a dû inspirer bon nombre de danseurs.

Quasiment introuvable en vidéo jusqu’à très récemment, le ballet a bénéficié d’une captation avec le Ballet de Stuttgart (la compagnie qui l’a créé en 1965) en 2017.

A suivre …

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