Anne Teresa De Keersmaeker,  ATDK pour les intimes et familiers du Théâtre de la Ville, a désormais ses quartiers d’automne à l’Opéra. Après Rain en 2014, nous avons droit cette saison à un triptyque composé de Quatuor no 4 de Bartók, Die Große Fuge de Beethoven et La Nuit Transfigurée de Schönberg, un programme sous le signe de l’exigence musicale.

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La répétition publique du 10 octobre nous a donné un large aperçu de la première pièce, portée par 4 danseuses, Charlotte Ranson, Juliette Hilaire, Laura Bachman et Sae Eun Park, coachées pour l’occasion par Johanne Saunier, membre de Rosas, la compagnie de la chorégraphe belge, et qui a participé à la création du Quatuor no 4 en 1986, une des pièces de jeunesse d’ATDK.

ATDK, c’est un univers qui ne se donne pas facilement au spectateur, et la séance de répétition n’échappe pas à la règle. Il règne une atmosphère cotonneuse dans l’amphithéâtre Bastille et les danseuses et leur répétitrice semblent être dans leur bulle qui n’inclut ni Fabrice Bourgeois, le maître de ballet qui a introduit la session et qui choisit très vite de se mettre en retrait, ni le public, du moins dans un premier temps. En effet, comme avec Rain, je me suis peu à peu laissée fasciner par les évolutions des quatre jeunes femmes. On est loin des séances survitaminées animées par Benjamin Millepied où il s’adresse autant à ses danseurs qu’à la salle dans une volonté de pédagogie. Johanne Saunier est concentrée sur les danseuses, et il y a comme un canal de communication silencieux entre elle et son groupe. Le travail est aussi intense que sur une répétition de ballet classique : la pièce est physiquement éprouvante pour les interprètes exigeant une solidarité sans faille des 4 solistes. Elles ont pour l’occasion déjà revêtues les costumes de scène, des culottes blanches, des jupes noires austères,  et des godillots de la même couleur, une tenue qui leur donne un look “pensionnat de jeunes filles dans les années 50”.

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A chaque mouvement du quatuor de Bartók correspond un axe force dans la chorégraphie: déplacements frontaux puis utilisation latérale de l’espace, cercles ou encore des figures vives et précises pour accompagner les pizzicati. C’est la première séance qui permet aux danseuses de se caler sur un enregistrement “live”, réalisé la veille par les musiciens qui les accompagneront sur scène. Elles travaillaient jusqu’à présent sur un enregistrement du commerce. Il leur faut donc trouver leurs marques sur cette nouvelle bande. Comme pour Balanchine, la musicalité des intentions est essentielle pour donner vie à une danse, qui, sans cela, pourrait paraître vide de sens.

L’oeuvre est à découvrir à partir du 22 octobre à l’Opéra Garnier et du 5 novembre sur Arte Concert au sein d’une soirée aux distributions très séduisantes mêlant étoiles et solistes confirmés et jeunes talents.

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