Retour sur la soirée du 27 avril à Garnier. Isabelle Ciaravola et Mathieu Ganio remplaçaient Agnès Letestu et Florian Magnenet, initialement prévus.

J’ai apprécié la lisibilité du ballet. Sans être fidèle à la lettre du roman, l’adaptation condense habilement l’intrigue et rend vraiment bien le cheminement des personnages. Notamment, on retrouve un chevalier des Grieux un peu naïf, très influençable que ce soit par sa famille, son ami vertueux (dans le roman), Lescaut et surtout Manon et qui ne s’affirme réellement que dans le final avec l’arrestation puis la déportation de Manon.

Les décors et les costumes, les figurants présents en nombre sur scène, les scénettes qui se jouent au deuxième plan, cela peut paraître chargé et clinquant au premier abord, mais cela contribue à nous transporter dans une atmosphère de  scène galante du XVIIIème siècle.

Le couple principal m’est apparu particulièrement fluide et en osmose, techniquement du moins, car, sur le magnifique pas de deux de la chambre au 1er acte,  je n’ai pas ressenti l’émotion palpable sur certaines vidéos You Tube (Manuel Legris et Isabelle Guérin par exemple). Pour moi, la tension sur scène  monte véritablement d’un cran lors du pas de trois entre Manon, son frère et M de G.M., ainsi que lors de la confrontation Lescaut- Des Grieux.

Au 2ème acte, mention spéciale pour le Lescaut de Stéphane Bullion: son solo « ivre » et le pas de deux « comique » avec Alice Renavand sont remarquables, tout comme son jeu en arrière-plan tout au long de l’acte. Isabelle Ciaravola rayonne dans la scène où Manon, convoitée par tous, passe d’un gentilhomme à l’autre. La chorégraphie nous donne à voir tout le paradoxe d’une Manon qui a tous les hommes en son pouvoir et qui est néanmoins prisonnière de sa condition.

Le 3ème acte est évidemment dominé par le pas de deux final, totalement maîtrisé avec des portées incroyables et où, en même temps, on sent les deux interprètes complètement libérés.

En conclusion, la star de Manon, c’est bien Isabelle Ciaravola, avec en retrait et à son service pour la mettre en valeur un Mathieu Ganio très élégant et brillant dans ces solos. L’agrément de ce ballet, c’est aussi son aspect narratif, servi par le jeu des personnages secondaires (Stéphane Bullion, Stéphane Phavorin en M de G.M., Vincent Cordier en geôlier malsain).

J’ai depuis regardé le DVD du Royal Ballet avec Tamara Rojo et Carlos Acosta, et j’ai trouvé que cette distribution parisienne  n’avait pas à rougir de la comparaison. Bref, cela m’a tellement plu que j’y retourne le 10 mai pour découvrir Nicolas LeRiche et Clairemarie Osta.

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